Le moment décisif avait été l'ouverture du couvercle du télescope le 29 janvier. Avec la prise d'images, une nouvelle étape a été franchie.
Réunis non loin de Madrid devant un grand écran, les scientifiques et ingénieurs attendaient les premières images du télescope spatial. "Les premières images qui devaient apparaître étaient primordiales pour nous afin de pouvoir évaluer si les éléments optiques du télescope étaient sortis indemnes du décollage de la fusée", explique Willy Benz, professeur en astrophysique à l'Université de Berne et responsable de la mission CHEOPS.
"Il fonctionne!"
"Lorsque les premières images d'un champ stellaire sont apparues sur l'écran, tout le monde a immédiatement compris: le télescope fonctionne", se réjouit-il. La question est désormais de savoir jusqu'à quel point.
Selon une première analyse, les images dépassent les attentes. Cela ne signifie pas qu'elles sont parfaitement nettes, car le télescope a été défocalisé à dessein. Ainsi, la lumière collectée est répartie sur de nombreux pixels, afin d'atténuer l'effet des mouvements du satellite sur les images et d'accroître la précision photométrique.
"Cerise sur le gâteau, les images floues reçues sont néanmoins encore plus lisses et symétriques que ce que nous avions imaginé en nous appuyant sur nos mesures en laboratoire", poursuit Willy Benz.
Haute précision
Une haute précision est nécessaire pour permettre à CHEOPS d'observer les petits changements dans l'intensité de la lumière reçue d'une étoile causés par le passage d'une exoplanète devant elle. Comme les changements d'éclats sont proportionnels à la surface de l'exoplanète, CHEOPS pourra mesurer sa taille. "Ces premières analyses sont prometteuses et encourageantes pour les semaines à venir", poursuit le chercheur.
CHEOPS (abréviation de CHaracterising ExOPlanet Satellite) est un projet de l'Agence spatiale européenne (ESA) et de la Suisse, sous la houlette de l'Université de Berne en collaboration avec celle de Genève. CHEOPS va composer "une photo de famille des exoplanètes" en en observant à peu près 500.
Aujourd'hui, on estime qu'il y a dans la galaxie au moins autant de planètes que d'étoiles, soit à peu près 100 milliards. Plus de 4000 exoplanètes – orbitant autour d'une étoile autre que le Soleil – avaient été détectées depuis la découverte de la première, 51 Pegasi b, il y a 24 ans par les Prix Nobel de physique 2019 Michel Mayor et Didier Queloz, de l'Université de Genève.
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ats/sjaq