SpaceX a passé un accord avec la société Space Adventures, basée près de Washington et qui a servi d'intermédiaire dans le passé pour envoyer sept riches touristes spatiaux lors de huit missions vers la Station spatiale internationale (ISS), grâce à des sièges achetés à l'agence spatiale russe dans les fusées Soyouz.
Le premier fut Dennis Tito en 2001, qui avait payé 20 millions de dollars pour un séjour de huit jours dans l'ISS. Le dernier en date fut le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, en 2009.
>> Lire: Tourisme de l'espace: le clown est de retour sur Terre
En orbite autour de la Terre
Cette fois, SpaceX lancera ses touristes de Cap Canaveral en Floride à bord de sa capsule Crew Dragon, qu'elle a développée pour transporter des astronautes de la NASA et qui devrait effectuer son premier vol habité dans quelques mois, à une date non encore fixée.
Mais ce vol privé ne s'amarrera pas à l'ISS: Dragon volera en orbite de la Terre pendant plusieurs jours, cinq au maximum, selon le président de Space Adventures, Tom Shelley: "Notre but est d'aller à environ deux à trois fois l'altitude de la station spatiale", poursuit-il, "soit 800 à 1200 kilomètres. Ce qui offrira une vue inédite".
La mission aura lieu fin 2021 au plus tôt, selon Tom Shelley, mais "le plus probable est au cours de 2022".
>> Lire : Lancement réussi de la nouvelle capsule de SpaceX pour la NASA
Séjours de courte durée
La capsule pourra accueillir quatre passagers. Conçue pour faire la navette entre la Terre et l'ISS, elle n'est pas prévue pour des séjours longue durée: elle a neuf mètres cubes de volume pressurisé et n'a aucun d'espace privé pour dormir, se laver, se soulager...
La durée exacte dépendra de ce que voudront les passagers, dit Tom Shelley, en rappelant que le module de commande Apollo, avec lequel les astronautes revenaient de la Lune, était encore plus confiné avec ses six mètres-cubes.
"Pas peu cher"
Combien coûtera le billet? "Ce n'est pas peu cher", répond Tom Shelley dans une litote.
Mais le coût sera au minimum celui du lancement par une fusée Falcon 9, dont le prix public est de 62 millions de dollars. S'ajoute encore la fabrication de la capsule Dragon. Cela dépassera-t-il 100 millions de dollars? "Votre évaluation est correcte, mais je ne peux pas commenter spécifiquement ces chiffres", dit le patron.
"Nous avons un bon réseau de personnes fortunées dans le monde, dont beaucoup aimeraient voler dans l'espace un jour", dit Tom Shelley. "Il faut simplement trouver la bonne mission, au bon moment, pour la bonne personne".
Plusieurs semaines d'entraînement
Contrairement aux missions vers l'ISS, l'entraînement des passagers se comptera en semaines et se fera aux Etats-Unis. Pour Soyouz, les touristes devaient s'entraîner à Moscou pendant cinq à six mois.
Après douze ans d'interruption, un nouveau vol de deux touristes privés vers l'ISS à bord d'une fusée russe est prévu fin 2021, via Space Adventures.
Cette société avait aussi annoncé fièrement, en 2005, l'envoi de deux touristes autour de la Lune... Mais Tom Shelley confirme que cette mission a été mise de côté.
afp/sjaq
Virgin Galactic, Blue Origin, SpaceX et Boeing
Dans le secteur du tourisme spatial, les sociétés Virgin Galactic et Blue Origin sont en train de développer des vaisseaux capables d'envoyer juste au-dessus de la frontière de l'espace – 80 ou 100 kilomètres selon les définitions choisies par chaque société – pendant quelques minutes, des passagers privés, moyennant 250'000 dollars ou plus dans le cas de Virgin.
Ce qu'offre SpaceX est une mission beaucoup plus ambitieuse, lancée par une fusée Falcon 9, la même qui envoie des satellites et acheminera des astronautes: "Cette mission historique ouvrira la voie aux vols spatiaux pour tous ceux qui en rêvent", a déclaré Gwynne Shotwell, présidente de SpaceX, société fondée par Elon Musk.
Parallèlement, Boeing est également en train de développer pour la NASA un véhicule, Starliner, pour rallier l'ISS. Boeing veut y faire voyager des passagers privés à l'avenir, mais le développement de Starliner est freiné par d'importants problèmes de logiciels qui ont failli provoquer sa perte lors d'une mission d'essai non habitée en décembre.