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L'esprit critique face à l'intelligence artificielle devrait être enseigné, prône une association

Eva Thelisson, fondatrice de l'AI Transparency Institute. [RTS]
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Eva Thelisson, fondatrice de l'AI Transparency Institute / La Matinale / 9 min. / le 19 mars 2021
Réel progrès ou danger pour la société, l'intelligence artificielle (AI) s'étend partout dans nos vies, mais elle inquiète souvent. Une association vaudoise sensibilise aux valeurs promues à travers cet outil technologique.

Association à but non lucratif basée dans le canton de Vaud, l’AI Transparency Institute est un réseau international de chercheurs qui a pour objectif d'éclaircir les nombreuses questions qui entourent le développement apparemment inexorable de l’intelligence artificielle.

Pour sa fondatrice Eva Thelisson, invitée vendredi de La Matinale de la RTS, "la question de savoir si l'intelligence artificielle est un progrès est une vraie question". Ce qui est sûr, souligne-t-elle, c'est qu'aujourd'hui elle est omniprésente au quotidien. "C'est un outil qui offre des services personnalisés, comme Google Maps. Elle concerne tous les secteurs de manière transversale: la santé, la finance, l'éducation, les réseaux sociaux, la publicité."

Donc cela peut constituer un progrès, mais c'est un outil uniquement, insiste la fondatrice de l’AI Transparency Institute. "La question, c'est celle des valeurs promues à travers cet outil-là."

Encourager aussi l'innovation

Et il faut avant tout mettre en place des garde-fous. Il s'agit "de savoir comment préserver les valeurs démocratiques, l'Etat de droit, la protection des données", avertit Eva Thelisson. "Et en même temps, encourager l'innovation, parce qu'elle permet des économies d'échelle, des gains de productivité, une automatisation de tâches extrêmement répétitives."

Un des aspects de l'intelligence artificielle qui suscite particulièrement des craintes est le recueil de données concernant la santé. Mais il y a aussi dans ce domaine de vraies opportunités, notamment pour abaisser les coûts de la santé.

"L'émergence de l'internet des objets, notamment, va permettre de développer toute une médecine préventive, conciliée aussi à la médecine de précision, personnalisée", relève cette spécialiste. "Cette combinaison, si elle est un succès, peut permettre aux individus de se responsabiliser, de gérer leur état de santé et de rencontrer leur médecin ou d'aller à l'hôpital uniquement lorsque le besoin est impératif et urgent."

Une nécessaire prise de conscience

Recommandations de films, publicités ou campagnes politiques ciblées sur internet: les algorithmes de l’intelligence artificielle sont déjà omniprésents, aussi et surtout, dans l'utilisation d'internet et des réseaux sociaux. "L'intelligence artificielle fonctionne sur l'analyse de données de grande dimension et de données historiques, les algorithmes analysent les préférences individuelles passées", explique Eva Thelisson.

"Si ces préférences sont linéaires, les prédictions qui vont être faites par l'algorithme vont être assez prévisibles. Par conséquent, l'enjeu pour un individu est de diversifier ses sources et ses préférences."

Et la conscientisation de chacun passe par la prise de conscience et l'esprit critique par rapport à l'usage fait des technologies. Pour la fondatrice de l’AI Transparency Institute, l'éducation à ces questions à l'école "est une priorité absolue".

Propos recueillis par Julien Bangerter/oang

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Des labels éthiques pour les entreprises

L'AI Transparency Institute travaille notamment sur des labels éthiques pour les entreprises.

"L'idée est d'engager les entreprises dans des modèles d'affaires performants, durables (zéro carbone) et qui permettent en même temps de démontrer que l'intelligence artificielle est utilisée de manière responsable et éthique", explique Eva Thelisson.

L'association a développé quatre indices qui aident les entreprises à identifier l'usage qu'elles font des données, la performance de leurs modèles algorithmiques, la robustesse de ces modèles et la gouvernance de ces nouvelles technologies à base d'intelligence artificielle.

Et face à l'urgence climatique, "la question qui se pose est celle du coût environnemental de ces technologies, des puissances de calcul qui sont indispensables à l'intelligence artificielle, du coût environnemental du refroidissement des serveurs, de l'impact sur la biodiversité lorsqu'on utilise de l'eau pour refroidir les serveurs", souligne la fondatrice de l'association.