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Chloé Carrière: "On pourrait imaginer qu'un jour tout le monde puisse aller dans l'espace"

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Chloé Carrière, étudiante à l’EPFL et fondatrice de l’association Space@YourService
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Chloé Carrière, étudiante à l’EPFL et fondatrice de l’association Space@YourService / La Matinale / 12 min. / le 26 juillet 2021
Cette année, plus de 22'000 aspirants astronautes ont candidaté auprès de l'Agence spatiale européenne (ESA) lors d'une campagne de recrutement. Pour la "Madame espace de l'EPFL" Chloé Carrière, cet engouement est révélateur de la démocratisation du spatial.

Toujours étudiante à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, Cholé Carrière est une hyperactive dans le domaine de ses rêves, l'espace. Fondatrice de l’association Space@YourService de la haute école, elle a déjà lancé divers programmes, des projets pour vulgariser cette matière ou mis sur pied des missions d'entraînement à l'espace comme il y a quelques jours dans l'Oberland bernois.

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Interrogée lundi dans La Matinale de la RTS sur le succès de la sélection lancée par l'ESA (trois fois plus de candidats que lors d'une précédente sélection en 2008), Chloré Carrière l'estime "énorme" et imagine que l'agence elle-même ne s'attendait pas à un tel nombre.

"La grande différence [d'avec 2008], c'est cette démocratisation du spatial: on en parle de plus en plus, il y a ces milliardaires qui vont dans l'espace, il y a SpaceX, avec toute la communication qu'il y a derrière. Tout cet environnement fait que le spatial est de plus en plus d'actualité. On y croit plus aussi, on croit à ce retour sur la Lune dans les années 2020".

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Un recrutement axé sur la diversité

Et la communication des astronautes eux-mêmes y est aussi pour quelque chose, à l'exemple du très médiatique Français Thomas Pesquet, actuellement en mission à bord de la Station spatiale internationale.

"Cela aide beaucoup", souligne cette passionnée que l'on surnomme aussi "Galactic Chloé". "Il y a la communication faite par les astronautes, mais la communication de l'agence elle-même a énormément progressé (…) Ils ont fait une campagne très axée sur la diversité, pour ouvrir la porte aux femmes, mais aussi aux personnes avec handicap. Je pense que ça a vraiment fait la différence cette année".

Le bon côté de la privatisation

L'espace n'est plus seulement l'affaire des agences spatiales étatiques. Les actualités récentes montrent à quel point le privé s'empare de l'espace, avec du bon et du moins bon, souligne l'étudiante.

"Il y a toujours les deux côtés de la médaille. Ce que j'en pense, c'est que c'est une période très enthousiasmante pour nous, les personnes qui aiment le spatial. On voit ce développement se faire petit à petit, cet accès à l'espace qui devient accessible au monde du privé".

Mais ce n'est que le début, souligne-t-elle. "On ne sait pas vraiment comment cela va pouvoir évoluer dans les prochaines décennies (…) En étant très utopiste, on pourrait imaginer qu'un jour tout le monde puisse aller dans l'espace. C'est ça l'aspect très positif, je trouve, de ce tourisme spatial.

Urgence d'une régularisation de l'espace

L'aspect plutôt négatif, c'est qu'on arrive à un stade où on ne va plus avoir le choix, estime-t-elle. "Il va falloir réguler tout ça. On n'a pas de régulation dans le spatial pour tout ce qui est privé".

Pour l'heure, Chloé Carrière ne remplit pas encore toutes les conditions pour se porter candidate à une formation d'astronaute. Mais elle compte bien le faire un jour, même si le challenge sera difficile.

"L'avantage, c'est qu'on va arriver dans une période où il n'y aura plus seulement des astronautes d'agences spatiales. On va avoir besoin de plus d'astronautes aussi pour tout ce qui est commercial. Et j'ai vraiment la certitude que le métier d'astronaute va aussi se démocratiser".

Propos recueillis par Agathe Birden/oang

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La Suisse, vraie nation de l'espace

Pour Chloé Carrière, il n'y a aucun doute: la Suisse est bel et bien une nation spatiale. "Je le répète souvent, j'en ai même fait une vidéo où j'ai interviewé pas mal de personnes en Suisse", souligne-t-elle.

"Il y a le travail sur les exoplanètes, mais pas seulement. On est aussi l'un des seuls pays qui travaillent avec l'agence européenne pour les coiffes de fusées. On a fait les horloges atomiques. Et on est très actifs aussi dans tout ce qui est débris spatiaux".