Le CERN devrait envoyer vendredi les deux premiers faisceaux de particules dans des directions opposées à travers le collisionneur de hadrons. L'anneau souterrain de 27 kilomètres de circonférence est situé à cheval sur la frontière franco-suisse dans l'Ain, aux portes de Genève.
La suspension de l'accélérateur le plus puissant du monde, à l'arrêt depuis 2019, avait été prolongée en raison de la pandémie. Son redémarrage doit s'étaler sur plusieurs phases.
Il faudra six à huit semaines pour que la machine tourne à plein régime, et ce n'est qu'alors que pourront à nouveau avoir lieu des collisions de protons qui devraient révéler des connaissances sur les lois fondamentales de l'univers.
Simuler la création de l'Univers
L'accélérateur de particules permet de simuler l'époque de la création de l'Univers, il y a environ 14 milliards d'années. Lors des collisions, les chercheurs observent les processus de désintégration et acquièrent des connaissances sur les plus petits composants de la matière, les particules élémentaires.
Le nouveau calibrage de cette machine à décortiquer la matière va permettre aux physiciens de produire, d'ici à quelques mois, des collisions de particules à des énergies encore jamais atteintes. Le grand accélérateur fournira également à la communauté scientifique un nombre beaucoup plus élevé de données grâce à des collisions plus fréquentes.
ats/JJ
Le CERN solidaire avec l'Ukraine
Le CERN a pris le 25 mars de nouvelles mesures en réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Il a notamment suspendu la participation de ses scientifiques à tous les comités d'instituts situés en Russie et au Bélarus. La mesure vaut aussi pour les chercheurs de ces pays envers le CERN.
Les 23 Etats membres du CERN ont aussi restreint les relations avec l'Institut unifié de recherche nucléaire (JINR, Joint Institute for Nuclear Research), situé à Doubna, à 120 kilomètres au nord de Moscou. Cet institut avait été fondé en 1956, en réponse à la création du CERN deux ans auparavant.
La participation des collaborateurs du CERN aux comités scientifiques du JINR est là aussi suspendue, et vice-versa. Tous les événements conjoints sont annulés. Et il n'y aura pas de nouvelles collaborations jusqu'à nouvel ordre. Le statut d'observateur du JINR auprès du CERN est suspendu.
Le CERN condamne la guerre menée par la Russie en Ukraine. Les décisions prises visent à "témoigner de la solidarité de l'organisation avec le peuple ukrainien et de son engagement pour la science au service de la paix". Le 8 mars, il avait déjà suspendu le statut d'observateur de Moscou auprès du CERN à Genève.