La start-up de reconnaissance faciale Clearview ne vendra plus ses visages aux privés américains
L'association de défense des droits civiques ACLU avait lancé il y a deux ans, conjointement avec d'autres organisations, une action en justice contre Clearview AI pour non-respect d'une loi de l'Illinois sur la confidentialité des données. Cette loi interdit de partager des données de reconnaissance du visage ou autres données biométriques sans la permission des personnes concernées.
Clearview AI, financée notamment par l'entrepreneur Peter Thiel qui a compté parmi les premiers investisseurs de Facebook, dispose d'une base de données comportant plus de 10 milliards de visages, récoltés en ligne, qui alimentent son logiciel d'identification. Et d'après le Washington Post, la start-up californienne a indiqué à ses investisseurs être en mesure d'avoir plus de 100 milliards de photos dans sa base d'ici l'année prochaine.
Données sensibles dans certains cas
L'accord annoncé lundi, qui doit être approuvé par le tribunal, stipule que Clearview AI ne peut plus rendre accessible cette base de données de visages à la plupart des entités privées aux Etats-Unis. Elle peut encore coopérer avec les autorités - sauf dans l'Illinois pendant cinq ans.
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"Clearview ne tenait pas compte du fait que les informations biométriques peuvent être utilisées pour mettre en danger et menacer les vies des survivants de violence domestiques et d'agressions sexuelles", a souligné Linda Xóchitl Tortolero, présidente d'Acción, une association de Chicago qui a salué une "grande victoire" pour les personnes les plus vulnérables de l'Illinois.
"Pas une source de profit comme une autre"
"Clearview ne peut plus traiter les identifiants biométriques uniques des gens comme une source de profits, sans restriction", s'est félicité Nathan Freed Wessler, un directeur adjoint d'ACLU.
Il espère que d'autres sociétés potentiellement concernées vont réagir en conséquence. "Cet accord montre que des lois fortes sur la confidentialité peuvent apporter des protections réelles contre les abus", a-t-il ajouté, en référence à l'absence de loi nationale sur le respect de la vie privée sur internet aux Etats-Unis.
Clearview AI, de son côté, s'est dite satisfaite de pouvoir tourner la page. "Cet accord est une immense victoire", a assuré l'avocat de la start-up. "Cela ne change rien" au modèle économique actuel de l'entreprise, qui va "continuer d'étendre son offre commerciale en accord avec la loi", a-t-il ajouté. "Et elle va payer une petite somme pour couvrir la publicité et les frais, soit beaucoup moins d'argent qu'un procès n'aurait coûté".
afp/jop
Procédures en Europe
Plusieurs procédures sont en cours contre l'entreprise dans des pays européens. L'Autorité italienne de protection des données personnelles lui a infligé une amende de 20 millions d'euros en mars dernier pour avoir instauré la "surveillance biométrique de personnes se trouvant sur le territoire italien".
Dans son communiqué, l'Autorité a en outre précisé avoir "ordonné à la société d'effacer les données relatives à des personnes se trouvant en Italie".
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En suisse, l'usage de ce type de logiciel ne dispose d'aucune base légale. Il est de facto interdit. Mais des polices du monde entier en utilisent pour confondre des criminels et accélérer leurs enquêtes, ce qui pose beaucoup de questions pour les experts suisses interrogés sur le sujet.
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