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Viser la Lune, "un but ultime" pour l'astronaute suisse Marco Sieber

Invité de la Matinale du 12.01 - Marco Sieber, médecin urologue et astronaute, accompagné de Claude Nicollier, astraunote et atrophysicien. [RTS - RTS]
L' invité de La Matinale (vidéo) - Marco Sieber, médecin et astronaute / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 15 min. / le 12 janvier 2023
Depuis le 23 novembre dernier, la Suisse compte un deuxième astronaute parmi ses citoyens: Marco Sieber. Le Biennois pourrait même faire partie des premiers Européens à fouler la Lune. "C'est clair que ce serait un but ultime, mais pour le moment, je suis concentré sur ma formation et les premières missions", confie-t-il jeudi dans La Matinale.

Né en 1989, Marco Sieber est déjà riche d'un parcours peu commun. Après des études de médecine à Berne et un doctorat en 2015 sur la chirurgie robotique, il est engagé en 2018 en tant que médecin dans le contingent de l'armée suisse au Kosovo, la mission Swisscoy. Sergent dans les commandos parachutistes, il a également été urgentiste chez Air Glaciers.

>> Son portrait complet : Un Bernois représentera la Suisse dans l'espace pour l'ESA

>> Voir aussi son portrait dans le 19h30 :

Portrait du futur astronaute suisse. Marco Sieber a été choisi pour devenir l'un des 5 astronautes de carrière européens.
Portrait du futur astronaute suisse. Marco Sieber a été choisi pour devenir l'un des 5 astronautes de carrière européens. / 19h30 / 2 min. / le 18 janvier 2023
Marco Sieber a été sélectionné le 23 novembre dernier par l'Agence spatiale européenne. [Keystone - Mohammed Badra]
Marco Sieber a été sélectionné le 23 novembre dernier par l'Agence spatiale européenne. [Keystone - Mohammed Badra]

Mais au fil de son parcours, un intérêt d'enfance ne l'a jamais quitté: l'espace. Il a même grandi avec le temps, pour aboutir finalement à cet engagement au sein de la nouvelle promotion de 17 astronautes de l'Agence spatiale européenne (ESA), choisis parmi plus de 22'000 candidates et candidats.

Cette sélection, il estime la devoir à la conjugaison de plusieurs facteurs, comme la connaissance de la médecine ou ses missions à l'étranger avec l'armée. "Ils ont aussi évalué les caractéristiques personnelles et sociales, par exemple la capacité de travailler en équipe ou de gérer ses émotions. À la fin, il y a beaucoup de facteurs qui jouent ensemble. Je suis pas tout à fait sûr de ce qui a fait la différence pour moi", sourit-il.

La plus grande aventure

C'est la plus grande aventure de ma vie. Donc c'est OK d'arrêter la médecine pour ça!

Marco Sieber, futur astronaute suisse

Il commencera donc bientôt une nouvelle vie qui s'annonce aussi intense qu'intéressante, s'enthousiasme celui qui est actuellement médecin-assistant en urologie. "Jusqu'à maintenant, je travaille encore comme d'habitude. La seule chose qui a changé, c'est qu'il faut donner des interviews de temps en temps et chercher un nouvel appartement à Cologne", où il commencera en avril sa préparation pour un virage complet dans sa carrière.

"La médecine est un domaine qui me plaît beaucoup. C'est clair que la formation pour devenir astronaute est un chapitre nouveau. C'est la plus grande aventure de ma vie. Donc c'est OK d'arrêter la médecine pour ça, en tout cas pour un moment."

Successeur helvétique

La dernière fois qu'un Suisse avait été choisi par l'ESA, c'était en 1978, lorsque Claude Nicollier devenait l'un des membres du tout premier groupe d'astronautes européens. Le Vaudois était d'ailleurs aussi présent dans la Matinale jeudi, depuis Houston d'où il a tenu à dire son "grand bonheur" d'avoir un successeur helvétique. "Surtout un successeur aussi brillant que Marco!"

Il y a tellement de connaissances à ingurgiter, c'est un peu comme boire à une lance d'incendie!

Claude Nicollier, ancien astronaute suisse

Pour Claude Nicollier, ça ne fait aucun doute: Marco Sieber "va apporter quelque chose" à l'ESA. "Il n'y a pas eu beaucoup d'astronautes avec sa spécialisation et surtout l'étendue de sa qualification en tant que médecin", souligne-t-il.

Mais d'ici là, la route sera longue et difficile, prévient-il. "Toute la préparation est intense, c'est un gros effort, il y a vraiment beaucoup à apprendre. C'est un peu comme boire à une lance d'incendie."

Objectif Lune

Marco Sieber en est conscient, c'est peut-être le meilleur moment pour devenir astronaute, avec un regain d'intérêt pour les missions vers la Lune. Trois places sont réservées pour les Européens dans les futures missions Artemis. "C'est la nouvelle ouverture des vols spatiaux habités", confirme Claude Nicollier. "Le premier alunissage d'un Européen sera probablement pour la fin de la décennie ou le début des années 2030. Ce n'est pas impossible que Marco devienne l'un des premiers Européens sur la Lune, qui sait. En tout cas, c'est une possibilité!"

"C'est toujours une arrière-pensée", concède l'intéressé. Mais c'est une perspective qui reste lointaine. "Je dois d'abord me concentrer sur ma formation et sur les premières missions. C'est clair que la Lune serait un but ultime, mais jusqu'à maintenant, je ne suis pas concentré sur ce but-là", tempère-t-il.

Ce n'est pas impossible que Marco devienne l'un des premiers Européens sur la Lune, qui sait!

Claude Nicollier, ancien astronaute suisse

En conclusion, Claude Nicollier incite vivement son cadet à mettre un point d'honneur à partager avec le public les "aventures extraordinaires" qu'il va vivre pendant ses missions et sa carrière. En particulier dans son pays d'origine. "La Suisse est vraiment une nation spatiale, il n'y a aucun doute là-dessus. Elle possède des niches de compétences technologiques qui sont très précieuse à l'ESA. Et avoir un astronaute actif, c'est très motivant pour les jeunes, et les moins jeunes, ça permet de donner de l'enthousiasme pour le spatial", insiste-t-il.

Propos recueillis par David Berger
Texte web: Pierrik Jordan

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