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Triche ou aide? L'outil ChatGPT préoccupe écoles et universités

Le programme d'intelligence artificielle "ChatGPT" préoccupe les écoles et les universités
Le programme d'intelligence artificielle "ChatGPT" préoccupe les écoles et les universités / 19h30 / 2 min. / le 23 janvier 2023
En quelques mois, ChatGPT est devenu un sujet de curiosité, d'articles de presse ou de débat: le programme d'intelligence artificielle est désormais bien présent dans les écoles et les universités, au point de devenir un sujet de préoccupation pour le personnel enseignant.

Depuis son lancement le 30 novembre 2022, l'outil qui résume des textes ou répond aux questions des utilisateurs sous forme de conversation séduit de plus en plus de jeunes et d'étudiants. Jugé parfois plus fort que Google ou Wikipédia, le programme est du pain béni pour les adeptes de la triche et les mauvais élèves, qui l'utilisent pour rédiger leurs devoirs.

Dans les couloirs de l'Université de Genève, ChatGPT n'est pas un tabou. "Je l'ai déjà utilisé, mais uniquement pour m'aider à résumer mes thèmes d'examen", assure un étudiant dans le 19h30. "En lettres, on doit surtout analyser les sources et des textes antiques et historiques. Donc l'intelligence artificielle ne va pas beaucoup nous aider", relativise une autre universitaire.

Trouver "l'inspiration"

"De ce que j'entends autour de moi, les gens l'utilisent surtout pour s'inspirer", constate encore une étudiante dans les couloirs de l'alma mater genevoise.

L'inspiration: c'est justement ce que recherchait un étudiant qui vient de rendre un travail académique en partie rédigé par ChatGPT. Comme les règles autour de l'utilisation du programme demeurent floues, il a décidé de témoigner anonymement.

"Je n'ai pas l'impression que c'est de la triche. Par contre, on nous demande une certaine compétence rédactionnelle pour expliquer certaines notions, et son utilisation peut peut-être empêcher cet apprentissage, car ChatGPT écrit très très bien", explique cet étudiant en fin de cursus universitaire, pour qui il s'agissait d'une première expérience avec l'application.

La prof a été "émoustifiée"

ChatGPT séduit aussi les gymnasiens, au point que son utilisation suscite l'inquiétude dans les écoles. Certains élèves n'hésitent pas à se servir du logiciel pour gonfler leurs résultats et rendre aux professeurs des travaux quasiment parfaits... en apparence.

"J'ai fait mon introduction d'anglais sur ChatGPT, zéro faute. J'ai aussi dû faire une introduction de français sur l'analyse d'un passage sur 'Dom Juan' de Molière... trop la flemme d'écrire trois pages. J'ai mis dans l'application, la prof a été émoustifiée (sic) tellement elle était parfaite", admet un adolescent lausannois, qui dit tricher régulièrement.

Ce jeune est sûr de lui et ne pense pas pouvoir être attrapé. "C'est impossible. Cet outil prend l'information de tous les sites qu'il y a sur internet, il crée des belles phrases, des belles tournures, il rassemble les informations, il crée des vrais trucs. Il nous le sert sur un beau plateau", précise-t-il dans La Matinale, avant de remercier Elon Musk, l'un des cofondateurs de la start-up qui a développé ChatGPT.

>> Ecouter aussi le témoignage d'un élève dans La Matinale :

L'application ChatGPT est de plus en plus utilisée par les écoliers et les universitaires. [Keystone - Peter Morgan]Keystone - Peter Morgan
ChatGPT s'invite dans les école: interview d'un élève qui utilise le programme pour tricher / La Matinale / 1 min. / le 24 janvier 2023

Encadrer et former plutôt qu'interdire?

L'apparition de ChatGPT a créé des zones d'ombre qui ont poussé la ville de New York à interdire son utilisation dans les écoles. En Suisse romande, aucune interdiction n'est prévue pour l'instant. Au contraire, la réflexion est plutôt d'encadrer cette pratique, à l'image de l'Université de Neuchâtel.

"Si je demande aux étudiants de rendre un travail, je pourrais l'accompagner par une discussion après, une sorte de soutenance si on veut. On verra assez clairement si l'étudiant maîtrise son sujet", réagit Martin Hilpert, vice-recteur enseignement à l'Unine.

Un système éducatif qui va devoir s'adapter

L'école a déjà vécu par le passé des situations où elle a dû s'adapter aux avancées technologiques. Certains responsables romands de l'enseignement font un parallèle entre ChatGPT et l'arrivée des calculatrices, des moteurs de recherche ou encore de Wikipédia. Des outils qui ont finalement su s'intégrer à l'enseignement.

Alors que bon nombre d'enseignants craignent cette intelligence artificielle, redoutant plus de triche dans leurs classes, d'autres ont décidé de l'utiliser pour construire leurs cours, à l'image d'Eric Vanoncini, professeur de philosophie et formateur au service école-média à Genève.

"Dans le cadre de mes cours, j'ai utilisé à certains moments des réponses de ChatGPT pour mener une réflexion sur ce que l'on fait en philosophie, sur la question de l'accès au savoir, de la fiabilité des sources, toute la démarche de recherche", explique-t-il.

"Ça peut aussi être un assistant potentiellement intéressant. Je lui ai demandé de corriger anonymement la dissertation d'un de mes élèves. J'ai aussi essayé à plusieurs reprises de lui demander de me préparer des séquences d'enseignement, ou des exercices à trous. Tout cela, ChatGPT le fait de manière relativement satisfaisante", analyse Eric Vanoncini.

>> Ecouter l'interview d'Eric Vanoncini :

Eric Vanoncini, coordinateur de L’Autre Salon, enseignant. [DR]DR
ChatGPT s'invite dans les gymnases et les universités: intrview de Eric Vanoncini, professeur de philosophie / La Matinale / 1 min. / le 24 janvier 2023

Revoir les évaluations

Opportunité ou danger, ChatGPT redéfinit les lignes avec quelques longueurs d'avance sur le monde éducatif et académique. Certains cantons n'excluent pas de repenser des pans de l'école, comme les travaux à domicile ou les évaluations.

Quoi qu'il en soit, la question de l'intelligence artificielle est préoccupante. Elle sera au programme de la prochaine conférence intercantonale de l'instruction publique. Dans le canton de Vaud, interpellation sera déposée au Grand Conseil pour évoquer un possible cadre légal en la matière.

Sujet TV: Hannah Schlaepfer et Théo Jeannet

Sujet radio: Agnès Milot

Adaptation web: Jérémie Favre

>> Ecouter aussi l'interview de Manuel Grandjean, directeur du service école-média du canton de Genève :

L'IA ChatGPT s'invite dans les écoles. [AFP/NurPhoto - Jonathan Raa]AFP/NurPhoto - Jonathan Raa
ChatGPT s'invite dans les écoles: interview de Manuel Grandjean, directeur du service école-média du canton de Genève / La Matinale / 1 min. / le 24 janvier 2023
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Pouvoir faire la différence entre le texte d'un humain et d'une IA

Tout l'enjeu de l'acceptation de cette nouvelle technologie réside dans la possibilité de pouvoir faire la différence entre un texte écrit par un humain et celui produit par une intelligence artificielle.

Il existe actuellement plusieurs logiciels qui permettent cette tâche. La société mère de ChatGPT propose d'ailleurs son propre détecteur, qui est toutefois très peu performant pour l'instant avec un texte écrit en français.

L'entreprise propose une autre solution: intégrer une sorte de filigrane invisible dans le texte, comme pour les billets de banque, et qui permettrait de repérer les textes rédigés de manière artificielle.

>> Revoir les explications de Théo Jeannet dans le 19h30 :

Théo Jeannet évoque le bouleversement provoqué par le programme d'intelligence artificielle "ChatGPT" et son impact pour notre système éducatif.
Théo Jeannet évoque le bouleversement provoqué par le programme d'intelligence artificielle "ChatGPT" et son impact pour notre système éducatif. / 19h30 / 1 min. / le 23 janvier 2023