Beaucoup d'experts admettent aujourd'hui qu'il ne sera pas possible de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré comme le veut l'Accord de Paris (lire encadré). Faute d'y parvenir, des géants de la tech essaient une autre approche en tentant de manipuler le climat.
Des millions de dollars ont déjà été investis aux Etats-Unis pour développer ce qu'on appelle la géo-ingénierie solaire. Cette discipline, qui vise à refroidir la Terre en réfléchissant une partie des rayons du soleil vers l'espace, a longtemps été assimilée à de la science-fiction. Mais aujourd'hui, ses techniques sont de plus en plus prises au sérieux, notamment par le monde de la tech et de la finance.
Et parmi les principaux investisseurs dans ce domaine, l'Américain Bill Gates a déjà injecté des sommes considérables dans un programme mené par l'Université d'Harvard, près de Boston aux Etats-Unis. Il pourrait s'agir du premier projet scientifique à aller dans ce sens.
Barrière de dioxyde de souffre à haute altitude
Mais la technique privilégiée actuellement consiste à injecter des aérosols dans la stratosphère avec des avions volant à 20 km d'altitude. Le dioxyde de souffre ainsi libéré créerait une sorte de barrière contre les rayons solaires. Cette technique imite l'effet des éruptions volcaniques, qui provoquent une baisse des températures sur Terre.
Sa principale contrainte est la durée de vie des particules de dioxyde de souffre. Pour obtenir un refroidissement plus ou moins permanent, il faudrait selon les estimations renouveler ces injections environ tous les deux ans.
Des conséquences planétaires inconnues
Pour l'instant, les expérimentations se limitent à établir des modèles informatiques. Mais en s'attaquant au rayonnement solaire, l'être humain joue aux apprentis sorciers. On ignore en l'état quel pourrait être l'impact de cette approche. Serait-elle à même de déclencher des sécheresses, de provoquer des pluies acides ou même de détériorer la couche d'ozone?
C'est pour cela que la majorité des climatologues y sont opposés. Une lettre ouverte a été lancée pour stopper la recherche dans ce domaine et se concentrer sur la cause du problème: les émissions de CO2 et l'addiction des humains aux énergies fossiles.
Sophie Iselin/oang
Le rapport du Giec attendu lundi
La Terre n'a jamais été aussi chaude depuis 125'000 ans, mais les actuelles canicules, tempêtes et inondations meurtrières amplifiées par le changement climatique pourraient n'être qu'un avant-goût du monde que les énergies fossiles brûlées par l'humanité nous préparent.
C'est ce qui ressort des 10'000 pages du dernier rapport de synthèse établi par le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) des Nations unies. Celui-ci s'est réuni toute la semaine à Interlaken (BE) pour conclure la synthèse finale de son 6e cycle d'évaluation, neuf ans après la dernière.
Le document sera publié lundi et représentera le dernier consensus scientifique sur le climat.
>> Lire : Le GIEC réuni à Interlaken pour adopter la synthèse de sept ans de travaux