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La désinformation climatique reste tenace dans le monde, selon une étude de l'UNIGE

Cette photographie aérienne prise montre des épicéas morts au milieu de la forêt du Risoux. Le Chenit, le 19 octobre 2022. [AFP - Valentin Flauraud]
La désinformation climatique / On en parle / 11 min. / le 6 décembre 2023
Il est difficile de se protéger contre la désinformation qui envahit les réseaux sociaux à propos des thématiques climatiques, selon une étude de l’UNIGE menée dans 12 pays. Malgré l’application de différentes stratégies de prévention, les participantes et participants ont souvent eu du mal à démêler le vrai du faux.

La désinformation climatique désigne les informations infondées mettant en doute la réalité du dérèglement climatique et le consensus scientifique à ce sujet. Elle se répand notamment via les réseaux sociaux. Mais peut-on s’en protéger?

Pour répondre à cette question, des chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE) ont testé dans une étude publiée en novembre six stratégies de prévention différentes contre la désinformation climatique.

Les 6816 participants et participantes venaient de 12 pays: Afrique du Sud, Nigéria, Etats-Unis, Canada, Irlande, Australie, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Singapour, Philippines, Inde et Pakistan.

Vingt informations fausses

Dans chacun des six groupes testés, les personnes étaient dans un premier temps exposées à des informations vérifiées. Puis, dans un deuxième temps, 20 informations fausses ou biaisées leur était présentées: 10 sur la science du climat et 10 sur la politique climatique.

Chaque stratégie concernait une thématique particulière: le consensus scientifique, la confiance dans les scientifiques du climat, la communication transparente, la moralisation de l’action climatique, la précision et les émotions positives envers l’action climatique. Les effets des stratégies de prévention étaient ensuite évalués.

Une prévention peu efficace

Résultat: malgré les stratégies de prévention, la plupart des participants sont influencés par la désinformation et voient leur conviction fléchir. "C'est difficile parce que l'information scientifique est plus abstraite que la désinformation, qui elle influence nos émotions. Il est donc plus simple de réagir face à la désinformation qu'à l'information scientifique", explique Tobia Spampatti, auteure de l’étude, dans l’émission On en parle.

"Seul le groupe 'précision', à qui l’on a demandé de réfléchir en profondeur à la précision des informations qu’il rencontrait en ligne, a montré un léger avantage", précisent encore les chercheurs sur le site de l’UNIGE.

Sujet radio: François Jeannet

Adaptation web: Myriam Semaani

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Des stratégies possibles 

David Chavalarias, chercheur au Centre français de recherche scientifique (CNRS) et mathématicien en sciences sociales, est auteur du livre "Toxic Data, comment les réseaux sociaux manipulent nos opinions". Durant deux ans, il a analysé des millions de tweets traitant du climat. 

"Nous avons fait plusieurs observations, explique l’auteur dans l’émission On en parle. La première est qu’il y a une saisonnalité du climatodénialisme, de même qu’il y a une saisonnalité de l’information climatique. Le sujet revient fortement dans les médias à chaque fois qu’il y a des événements extrêmes ou des COP. Les climatosceptiques en profitent. Sur le réseau social X, ils forment une communauté assez dense face aux personnes acceptant le consensus sur le climat."

Autre élément intéressant, les stratégies spécifiques des climatosceptiques, basées sur l’émotion ou une fausse légitimité pour tromper leur auditoire.

"En ligne, nous sommes exposés à des messages dont nous ne connaissons ni le contexte de production, ni l’auteur, poursuit David Chavalarias. Le premier réflexe est de se poser la question: ce message fait-il plutôt appel à l’émotion ou au raisonnement ? Le message contient-il des arguments rationnels ? Si oui, qui en est à l’origine? La personne ou l’entité sont-elles des sources fiables?"