Acheter en un clic les habits de la série "Emily in Paris", la révolution marketing de Netflix
"Emily in Paris", épopée parisienne d'une jeune Américaine qui travaille dans le marketing de luxe, est la série la plus regardée de Suisse. Malgré les critiques pour son manque de réalisme et ses clichés sur la Ville Lumière, elle est devenue un véritable phénomène culturel. Elle est aussi une vitrine rêvée pour le monde de la mode qui voit bondir les ventes des marques qu'arbore l'héroïne.
Netflix a compris la mine d'or que représente cette série et profite de l'Emily-mania pour repousser les limites du divertissement et du commerce. La plateforme mise tant sur un scénario léger fait de triangles amoureux et d'images type carte postale de Paris, que sur les placements de produits. Cette dualité est le secret du succès planétaire de la série. Netflix n'a jamais caché ses intentions en prévenant clairement: "Ce programme a recours au placement de produit."
Partenariat inédit avec Google
Avec Google qui devient sponsor de la série, Netflix passe à la vitesse supérieure. C'est la première fois que la plateforme autorise un partenariat publicitaire aussi intrusif.
Ce partenariat inédit avec Google rend les tenues de la série accessibles en un clic. Comment fonctionne ce système d'achat? Lorsqu'en regardant la série, vous aimez une tenue, vous la prenez en photo. Avec l'application Google Lens, vous pouvez instantanément la trouver en ligne ou d'autres articles similaires.
Google a même développé une page dédiée spécialement à la production Netflix, pour faciliter le shopping.
Et lorsque les épisodes sont mis en pause, des spots dédiés incarnés directement par Lily Collins, l'actrice qui joue Emily, encourage les fans à scanner les tenues présentées dans la série. C'est une opération gagnant-gagnant: la série est une machine à cash pour Netflix et Google assure son monopole de moteur de recherche sur internet.
Un tournant dans l'industrie du cinéma?
Cette stratégie pourrait marquer un tournant dans l'industrie du divertissement. C'est comme si la fiction devenait un catalogue vivant, un magazine de mode sans fin. On passe du "voir" à "avoir". Et potentiellement, à la naissance d'un nouveau modèle économique pour les séries.
Interrogé dans Forum, Max Karli, producteur chez Rita Productions, relève que ce n'est pas entièrement nouveau. "Les sponsors présents dans la fiction, dans l'audiovisuel ou dans le divertissement sont là depuis la nuit des temps. Aujourd'hui, ce qui se passe, c'est que Google, un mastodonte de la publicité, s'associe avec un autre mastodonte, du divertissement. On ne sait plus si on regarde un catalogue de vente ou de la fiction."
Le producteur explique encore que les gens utilisent souvent leurs téléphones en même temps qu'ils regardent quelque chose à la télévision. Les entreprises essaient de comprendre comment garder notre attention et profitent ainsi de cette habitude.
Miruna Coca-Cozma/lan