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Caroline Goldman: "L'éducation positive a été dévoyée par des gourous"

Faut-il en finir avec la parentalité positive? [Depositphotos - Nadezhda1906]
Faut-en en finir avec lʹéducation positive? / Tribu / 25 min. / le 29 octobre 2024
Psychologue pour enfants et adolescents, Caroline Goldman estime que le manque de limites nuit aux enfants et à leurs parents. Elle dénonce également une trop grande "camaraderie entre générations", qui provoquerait de l'angoisse et de l'insécurité chez les enfants.

Invitée de l'émission Tribu de la RTS, Caroline Goldman ne mâche pas ses mots: "L'éducation positive a été dévoyée par des spécialistes autoproclamés […] des gourous qui ont utilisé des pratiques sectaires et ont essayé de semer le chaos dans les familles pour leur vendre des méthodes éducatives et des livres de parentalité."

Selon la psychologue pour enfants et adolescents, l'enfant a besoin de limites. "Poser des limites à l'enfant, c'est lui apprendre une attitude sociale adaptée qui ne nuise pas aux autres […] C'est un peu un mode d'emploi de ce qu'est la vie en société. Ça ne pourra que le rendre aimable. Et pour un enfant, ce n'est pas rien d'être aimable sur la scène sociale."

Parents "menottés"

L'autrice de nombreux livres sur la question, dont le "Guide des parents d'aujourd'hui" publié en 2024 chez Flammarion, est une adepte du time out, ou mise à l’écart temporaire de l’enfant, en guise de punition, et ce dès l'âge de 12 mois. "A partir d'un an, lorsque l'enfant vous regarde, vous défie […] et fait ce que vous lui avez interdit de faire, vous sentez que l'amour ne va pas suffire".

La psychologue estime qu'envoyer son enfant dans sa chambre est une méthode efficace. "Au bout de trois punitions pour le même objet, on n'a plus jamais de problèmes d'enfants qui jettent la nourriture par terre. Je ne vais pas vous dire que le moment où vous le mettez dans sa chambre les deux premières fois, il est content. Non, il est triste, il s'énerve. Mais il est triste aussi qu'on lui mette une pipette d'antibio dans la bouche et qu'on l'amène chez le pédiatre, et pourtant c'est pour son bien."

Selon Caroline Goldman, les parents d'aujourd'hui sont "menottés dans l'exercice de leur autorité", parce qu'on leur fait croire qu'en posant des limites, ils vont "briser des parties du cerveau de l'enfant, l'écraser, l'éteindre".

Camaraderie entre générations dénoncée

La psychologue regrette aussi un manque de hiérarchie entre parents et enfants, une "camaraderie entre générations" qui a pour effet, selon elle, d'angoisser les enfants. "Cela donne des enfants extrêmement insécures. Ils ont peur de tout, parce que personne n'est plus haut et plus fort qu'eux, donc personne ne les protège […] Cela leur ôte de la légèreté, de l'insouciance et ça entrave aussi leur liberté."

Selon elle, cette horizontalité des rapports est accentuée dans les familles monoparentales.

Dresser plutôt qu'éduquer?

Certains professionnels de la petite enfance reprochent à Caroline Goldman une vision "à l’ancienne", qui voudrait dresser plutôt qu'éduquer des enfants. La psychologue rétorque que ses détracteurs sont souvent des "idéologues complètement perchés" qui n’ont pour la plupart "jamais soigné un enfant de leur vie".

"Ces personnes me critiquent parce que je casse leur business [...] Je mets un gros coup dans leur entreprise marketing, donc ils ne m'aiment pas du tout", conclut-elle.

Julien Magnollay/Tribu

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