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Economie circulaire: les détaillants suisses peuvent mieux faire, selon Greenpeace

Economie circulaire. [Depositphotos - thx4stock]
Economie circulaire: les détaillants suisses peuvent largement mieux faire, selon Greenpeace / On en parle / 9 min. / le 30 octobre 2024
L’ONG Greenpeace a sondé les principaux détaillants de Suisse pour évaluer leur engagement dans l'économie circulaire. Le constat de l’étude publiée le 30 octobre est clair: les progrès sont trop lents et aucun détaillant ne remplit les exigences de l’économie circulaire.

Les commerces de détail n’en font pas assez pour entrer dans une véritable économie circulaire, selon l'étude menée par Greenpeace publiée le 29 octobre. L’ONG a sondé les principaux détaillants de Suisse comme Migros, Coop, Landi, Manor, Digitec Galaxus ou encore Zalando pour évaluer leur engagement en la matière.

L’économie circulaire est un modèle de production et de consommation qui consiste à partager, réutiliser, réparer, rénover et recycler les produits et les matériaux le plus longtemps possible. Par exemple, en offrant des services de réparation et en s’assurant que les produits vendus soient réparables et recyclables.

En 2022, Greenpeace Suisse avait publié une première étude comparative sur l’économie circulaire dans le commerce de détail en Suisse en interrogeant 12 enseignes. Deux ans plus tard, quels sont les progrès de ces entreprises?

Seul un détaillant "dans la course"

Classées à la manière d’une course sportive, aucune enseigne n’a réussi à atteindre la catégorie "proche du but" de Greenpeace. Seule dans sa catégorie, Migros est en tête, classée "dans la course". L’ONG juge que l’entreprise s’est au moins engagée dans la course, en exigeant des informations de la part de ses fournisseurs et en proposant un système d'étiquetage des produits en fonction de leur compatibilité avec l'économie circulaire [AB1]. 

Suivent Coop, puis Digitec Galaxus, Ikea, Landi et Richemont dans la case "vient de se lancer". Brack.ch, Manor et Zalando sont quant à elles "encore dans les starting-blocks", tandis qu’Amazon, Globus et Aldi n’ont pas répondu au questionnaire de Greenpeace. Par conséquent, ces trois enseignes « ne participent pas à la compétition."

Des progrès à faire

Pour Joëlle Hérin, experte en consommation et économie circulaire chez Greenpeace, les progrès sont insuffisants depuis 2022.

"Le commerce de détail ne développe que trop peu les services tels que la location, la réparation, la revente de produits reconditionnés ou de seconde main. Migros et Coop n’ont guère fait de progrès par rapport à 2022 et restent encore loin de l'objectif. Digitec Galaxus et Richemont peuvent faire état de quelques améliorations, certes, et Brack.ch fait moins bien qu'en 2022", explique la spécialiste dans l’émission On en parle.

Les entreprises réagissent

Contacté par l’émission, Brack.ch explique se rendre bien compte des progrès à faire. Selon le détaillant, la seconde étude de Greenpeace était plus approfondie que la première. Une différence qui aurait engendré cette baisse de classement selon l’enseigne.

Digitec Galaxus explique être au moins satisfait que Greenpeace reconnaisse une partie de leurs efforts. L’entreprise précise que son taux de retour est de 2% et que 90% des produits retournés sont remis en vente.

La Migros souligne qu'elle investit dans des infrastructures de recyclage et qu'elle promeut la collecte d'emballages. La Coop cite un projet pilote de sa marque Betty Bossi pour vendre des appareils électriques reconditionnés. Landi se réjouit que Greenpeace reconnaisse sa bonne pratique d'une garantie de cinq ans sur presque tous ses produits. Et enfin Manor relève qu’elle propose des vêtements de seconde main avec ses partenaires dans certains cantons.

Une évolution lente

La spécialiste explique qu’idéalement, les détaillants devraient revoir leurs modèles d'affaires en profondeur. "Cela veut dire arrêter de miser sur la vente de grands volumes de produits, remplacés rapidement et plutôt miser sur la longévité des objets.

D'autre part, les progrès sont lents car les conditions cadres sont trop laxistes actuellement. Mis à part une garantie de deux ans, rien n'empêche de vendre des produits qui ont une durée de vie limitée. Heureusement, les choses devraient bientôt changer à la suite de la révision de la Loi sur la protection de l'environnement adoptée en mars à Berne", conclut Joëlle Hérin.

Sujet radio: Aline Bachofner

Adaptation web: Myriam Semaani

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