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Face au phénomène des "nudes", la police fait de la prévention auprès des ados

Jeunes et risques numériques: immersion dans un cours de prévention contre la cybercriminalité
Jeunes et risques numériques: immersion dans un cours de prévention contre la cybercriminalité / 19h30 / 2 min. / le 9 octobre 2024
Les "nudes", ces photos prises par les ados de leur propre corps nu, sont considérées légalement comme de la pédopornographie si les protagonistes sont mineurs. Les polices croulent sous les signalements. Elles ont instauré des cours de prévention.

Au centre d'orientation et de formation professionnelle de Lausanne, François Nanchen, inspecteur chargé de prévention à la police vaudoise, donne un cours un peu particulier. Il explique aux jeunes de 15 à 25 ans les pièges à éviter en termes de cybercriminalité.

"On est toute une équipe sur un groupe Whatsapp, et tout à coup il y en a un qui a la bonne idée d’envoyer une vidéo porno pour rire, sans prévenir. Il suffit qu’une personne du groupe soit choquée par ce contenu, elle a le droit de déposer plainte".

Evolution de la loi

L'objectif est de faire connaître les risques, mais surtout la loi, en constante évolution pour répondre aux nouvelles pratiques. La pression sociale pousse notamment les jeunes à se filmer dans le plus simple appareil avec leur téléphone, pour envoyer le contenu à leur partenaire. C'est ce que l'on appelle un "nude".

"Des contenus pornographiques qui impliquent des personnes de moins de 18 ans, ça reste interdit, ça reste considéré comme de la pornographie enfantine. Mais il y a des dérogations", détaille François Nanchen.

Il précise: "En fait, cette dérogation autorise les mineurs à s'échanger des 'nudes', pour autant qu'ils n'aient pas plus de trois ans d'écart, qu'ils se connaissent dans la vraie vie. Donc des jeunes qui se connaîtraient que par internet, ça ne marche pas".

Cacher son visage

Les personnes mineures qui se filment elles-mêmes nues sont moins inquiétées qu'avant le 1er juillet dernier, date de l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions. En revanche, les personnes qui diffusent ces contenus et s'adonnent à du "revenge porn" (porno divulgation) encourent désormais des sanctions plus graves: au minimum une peine pécuniaire, et jusqu'à trois ans de privation de liberté.

Mais il n'y a pas que la loi qui entre en jeu. La société peut sanctionner encore plus fort les protagonistes de ces échanges, et encore plus les victimes.

"Si vraiment vous voulez faire des "nudes", faites en sorte que cette photo ne puisse pas être utilisée contre vous. Par exemple, ne mettez pas votre visage sur la photo. Ne mettez pas le décor de votre chambre", conseille encore François Nanchen.

"Responsabiliser les garçons"

Invitée dans le 19h30, la spécialiste genre et sexualité Coline de Senarclens voit ces cours d'un bon oeil. Elle met toutefois en garde: "Attention à ne pas donner des conseils qui culpabilisent davantage les personnes qui produisent ces photos."

L'autrice de "Porno, parlons-en" (éditons Favre) appelle à mettre l'accent sur les personnes qui reçoivent ces photos. "Lorsqu'on reçoit des photos de quelqu'un, ça engendre de grandes responsabilités. Il faut en parler, responsabiliser les garçons, leur rappeler que la diffusion de photos est non seulement interdite, mais moralement extrêmement répréhensible et grave."

Coline de Senarclens met également l'accent sur un point que l'on peut avoir tendance à oublier: "Il faut aussi leur rappeler que ces photos doivent être détruites à un moment ou à un autre, parce qu'on peut se faire voler son téléphone, il peut se faire hacker, etc."

>> L'interview de Coline de Senarclens dans le 19h30 :

La spécialiste genre et sexualité Coline de Senarclens revient sur les dangers liés à la cybercriminalité chez les adolescents
La spécialiste genre et sexualité Coline de Senarclens revient sur les dangers liés à la cybercriminalité chez les adolescents / 19h30 / 2 min. / le 9 octobre 2024

Cecilia Mendoza/asch

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