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Face au tabou du deuil parental, quelques rares associations proposent du lien et du soutien

Les parents touchés par le décès d'un de leurs enfants traversent des phases délicates, mais peuvent compter sur la solidarité
Les parents touchés par le décès d'un de leurs enfants traversent des phases délicates, mais peuvent compter sur la solidarité / 19h30 / 3 min. / le 11 novembre 2024
Perdre un enfant est la pire chose qui puisse arriver à des parents. Pourtant, à l'heure actuelle, aucune structure officielle n'existe en Suisse pour les soutenir sur le long terme. Quelques associations proposent toutefois de créer des liens et de l'entraide, pour faire en sorte que la vie continue.

Didier et Maria Gaulin ont perdu leur fils Denis en 2020 dans une collision en scooter à Genève. Face au choc, on leur a proposé trois séances chez un psychothérapeute, mais rien de plus. Pour la suite, le couple a été livré à lui-même. "La tristesse, elle sera là toute notre vie. Comme on dit: on survit", confie Didier dans le 19h30.

Pour surmonter la douleur et ne pas se laisser aller, les deux parents ont décidé de fonder une association en mémoire de leur fils. L'idée: contacter d'autres personnes ayant vécu pareil drame. "Avec les réseaux sociaux ou les copains, on arrive toujours à avoir les noms. Ce qu'on fait en premier lieu, c'est la gerbe de fleurs avec un petit flyer", explique Didier.

Sortir de l'isolement

L'association propose aussi une aide financière pour l'enterrement et recommande des professionnels de la santé, dont des psychothérapeutes, ainsi que des praticiens et des praticiennes pour des soins de bien-être. Mais elle offre surtout une écoute dévouée et empathique. "Un petit peu de bonheur pour les aider dans leur parcours de deuil très compliqué, pour qu'ils ne se retrouvent pas seuls dans une situation dramatique, comme ça a été notre cas", expose Maria.

Résultat: des liens d’amitiés salvateurs entre 14 familles, qui se soutiennent et organisent des soirées festives au profit de l'association. "Il faut qu'on s’amuse aussi. Dans ces moments-là, il vaut mieux fréquenter du monde que rester dans son coin", témoigne un autre parent.

Guérir, mais aussi prévenir: depuis plusieurs mois, Didier et Maria apportent également leur témoignage dans plusieurs établissements scolaires privés lors des séances de prévention routière de Road Cross. Leur intervention permet, selon eux, de toucher davantage les jeunes au sujet des dangers de la route.

Faute de structures officielles, quelques rares associations similaires réunissent ces parents endeuillés en Suisse. C'est le cas de l'association Arc-en-ciel, qui soutient environ 1200 familles par année.

"L'entourage passe à autre chose"

Responsable de son antenne dans le Chablais vaudois et le Valais, Albane Bérard a elle-même perdu une fille à la naissance. S'ouvrir à d'autres parents lui a permis de trouver le chemin du deuil. Depuis 15 ans, elle anime un groupe de parole.

"Si nous ne parlons plus de nos enfants, nous les perdons encore une fois, parce que l'oubli est terrible", estime-t-elle. Autour de sa table, la compassion est réelle et perdure dans le temps: "La mort est tellement taboue. Au début de ce chemin de deuil et de reconstruction, vous avez peut-être votre entourage qui est présent. Mais après, les personnes passent à autre chose et ne souhaitent pas être confrontées à cette thématique."

Face à un deuil inconcevable, se réunir et se soutenir entre personnes touchées ne permet pas forcément de refermer toutes les plaies, mais permet d'apprendre à vivre avec.

>> Ecouter le sujet de RTSreligion à l'occasion de la journée du deuil périnatal :

La journée internationale de sensibilisation au deuil périnatal a lieu le 15 octobre. [Depositphotos - AndrewLozovyi]Depositphotos - AndrewLozovyi
RTSreligion - Journée de deuil périnatal: quelle action par les Eglises? / Chronique de RTSreligion / 2 min. / le 15 octobre 2024

Grand format TV: Thibaut Clémence

Texte web: Pierrik Jordan

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