Interdire les réseaux sociaux est "salvateur" pour les moins de 16 ans, selon Elisa Jadot
"Il y a des contenus particulièrement choquants et inappropriés pour les mineurs" sur les plateformes, rappelle la journaliste Elisa Jadot, réalisatrice du documentaire "Enfants sous influence - Surexposés au nom du like", interrogée vendredi dans Tout un monde. Actuellement, "il y a assez peu, voire aucune régulation sur les plateformes en ce qui concerne les contenus qui sont partagés", dit-elle.
Cette nouvelle loi est "utile" est fait de l'Australie un pays "salvateur" pour les moins de 16 ans, soutient Elisa Jadot, appelant à une même réglementation en Europe et à travers le monde.
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Mais comment mettre en oeuvre une telle loi? "C'est tout le problème", admet la journaliste, qui cite plusieurs pistes, par exemple offrir à son enfant un téléphone portable qui n'a pas accès aux réseaux sociaux ou mettre en place un contrôle parental lorsqu'un compte est ouvert sur les plateformes.
La faute aux algorithmes
Les algorithmes fonctionnent de la même manière pour les enfants et les adultes, souligne encore Elisa Jadot. "Les algorithmes sont fabriqués pour vous montrer ce qui vous fait rester le plus de temps possible sur la plateforme", insiste la journaliste.
Les parents s'imaginent que les enfants regardent de petites choses mignonnes de leur âge (...) mais pas du tout
Les enfants et les adolescents regardent en majorité "des contenus autour de la dépression, de l'anorexie, de l'automutilation ou des tentatives de suicide", illustre la journaliste. "Les algorithmes proposent et suggèrent d'eux-mêmes ces contenus sur la santé mentale, particulièrement traumatisants pour des enfants avec des photos de scarifications, des vidéos qui font l'apologie du suicide et autres."
"Il y a très peu de modérateurs sur les plateformes et beaucoup d'utilisateurs", rappelle la journaliste. Conséquence: "Malgré toute la bonne volonté des plateformes, ces contenus s'échangent en masse."
Un manque à gagner pour les plateformes
"TikTok réalise au moins 35% de ses revenus sur les mineurs et Snapchat 41%", explique Elisa Jadot. "Les adolescents et les enfants leur apportent énormément d'argent, puisque ce sont eux qui passent le plus de temps sur les plateformes", analyse la journaliste. "Ce serait un gros manque à gagner de les perdre", poursuit la journaliste, soulignant que le lobbying des plateformes et de la big tech s'est intensifié ces dernières années pour lutter contre ces mesures.
Des restrictions existent actuellement sur les plateformes, par exemple pour limiter l'accès des enfants aux plateformes, mettre un temps limite ou imposer un certain nombre de restrictions. Mais "le contrôle parental est limité, car les enfants sont particulièrement malins et de nombreux enfants et adolescents ont plusieurs comptes".
Pour Elisa Jadot, les plateformes ont une volonté de contribuer à la santé mentale et au bien-être des enfants, mais dans le même temps, ces jeunes peuvent apprendre sur les réseaux sociaux comment ouvrir d'autres comptes sans être contrôlés.
Interview radio: Eric Guevara-Frey
Adaptation web: Julie Liardet