Le programme d’éducation sexuelle des plus jeunes élèves vise à répondre à des questions souvent naturelles, comme la possibilité d’être amoureux ou la manière appropriée de montrer son affection. Il aborde des sujets tels que le consentement, l’anatomie avec les termes scientifiques comme "vulve" ou "pénis" et il introduit brièvement l’existence des minorités sexuelles, notamment les personnes LGBTQ+.
Ce programme a évolué en s’efforçant d’être inclusif, explique Estelle-Marie Fuehrer, éducatrice en santé sexuelle PROFA, dimanche dans le 19h30 de la RTS. Car selon elle, "toutes les personnes qui ont une question autour du genre ou de l’orientation sexuelle différente de ce qu’on appelle 'la norme' doivent pouvoir aller à l’école en sécurité".
Un sujet de controverse pour certains parents
Suite à son premier cours d’éducation sexuelle l’année dernière, Linaya, âgée de sept ans, est rentrée à la maison avec des interrogations qui ont choqué sa mère, Mégane Mulumba. "Ce n’est pas parce que vous êtes une fille ou un garçon que vous devez vous identifier à ce genre-là. La possibilité de changer de sexe existe", aurait partagé Linaya avec sa maman
A l’avenir, cette maman sollicitera une dispense pour ses quatre filles concernant l’éducation sexuelle. Elle souligne qu’elle n’est pas dérangée par le fait que sa fille se pose des questions, car cela fait partie de son développement naturel. Cependant, elle et son conjoint ont été perturbés par le fait qu'on encourage leur fille à s’interroger sur des sujets de genre. "Elle était vraiment en train de tout remettre en question”, ajoute-t-elle.
Un collectif sonne l’alarme et appelle à la réforme
Megane est l’une des 23’000 signataires de la pétition du Collectif Parents Suisse. Un texte déposé au Grand Conseil genevois qui "dénonce un contenu idéologique" qui, selon eux, "sème le doute sur l’identité sexuelle des enfants". Le collectif vise à alerter les autorités cantonales dans l’espoir de réformer les cours, en les limitant à la prévention des abus sexuels.
Selon sa présidente, Vanessa van der Lelij, au cours de l’année et demie passée, ces discussions sur l’identité de genre et les changements de sexe ont été menées dans tous les cantons. "Ce n'est juste pas possible", estime-t-elle. Le collectif qualifie cette éducation d'"anti-scientifique".
Un programme scientifique validé par la Confédération
La faîtière des spécialistes en santé sexuelle réfute catégoriquement cette affirmation et rappelle que le programme est conçu par des scientifiques et qu'il a reçu l’approbation du Conseil fédéral.
Edwige D’Aloisio, coprésidente de l’association ALECSS, précise que "si des questions sur l’homosexualité ou le genre sont posées, elles ne sont abordées que durant quelques secondes" et qu'il n’y a pas de chapitres spécifiques sur l’homosexualité ou le genre dans le programme.
Cette experte ajoute qu’en cas d’interrogations des parents sur le contenu des cours, des permanences téléphoniques sont à disposition. Elle invite également les parents à se rendre aux soirées d’informations, organisées en amont des cours d’éducation sexuelle de leurs enfants.
Face aux critiques de certains parents, Estelle-Marie Fuehrer souligne qu'en qualité d'éducatrice en santé sexuelle, son rôle est de compléter l’éducation parentale. Elle insiste sur la responsabilité première des parents dans ce domaine. Elle ajoute que si les élèves n’ont jamais entendu parler de leur corps de manière positive, ils sont plus vulnérables aux violences sexuelles.
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Sujet TV: Thibaut Clémence
Adaptation web: Miroslav Mares