L’essor du "miniamaking": quand les miniatures YouTube deviennent un véritable métier
Autrefois créées par les youtubeurs eux-mêmes, les miniatures YouTube sont désormais souvent confiées à des spécialistes, les "miniamakers". Décryptage de ce nouveau métier qui transforme l'industrie de la création de contenu et attire toujours plus.
En ouvrant une page YouTube, nous sommes immédiatement assaillis par une explosion de couleurs, d'expressions faciales et de textes conçus pour attirer notre attention et nous inciter à cliquer. Autrefois, la création de ces miniatures était une tâche effectuée par les créateurs de contenu eux-mêmes, souvent en autodidacte. Aujourd'hui, la tendance a radicalement changé.
De plus en plus de grands youtubeurs délèguent cette partie à des professionnels, les "miniamakers". Ce métier est devenu si demandé que même les petits créateurs débutants font appel à ces experts pour optimiser leurs vidéos. Certains miniamakers facturent leurs services à plusieurs milliers de dollars, illustrant ainsi l'importance croissante de ces visuels dans le succès d'une vidéo.
Mais qu'est-ce qu'un miniamaker? Faut-il être graphiste pour exercer cette profession? Pas nécessairement.
"Alors j'ai fait zéro école de graphisme, mais je vis du miniamaking depuis à peu près 10 mois", témoigne Matteo, qui était encore buraliste il y a peu. Il a effectué une formation en ligne avant de se lancer à son compte.
Un nouveau métier
Le miniamaking est devenu un métier à part entière. De nombreuses personnes peuvent désormais vivre de cette activité, aidant les youtubeurs à générer plus de clics grâce à des miniatures attrayantes. Autrefois, les créateurs de contenu étaient des "hommes à tout faire", maîtrisant le tournage, le montage, le graphisme, la promotion de contenu et la recherche de partenariats. Avec l'évolution de l'industrie, ils engagent désormais des monteurs, des community managers et même parfois des acteurs.
Parmi ces travailleurs de l'ombre, les miniamakers jouent un rôle crucial. Certains créateurs estiment que la miniature représente 50% du travail de la vidéo. En effet, une vidéo, même excellente, reste invisible si personne ne clique dessus. Une bonne miniature, comme une vitrine attirante, séduit les spectateurs.
La démocratisation de cette activité a conduit à une augmentation des prix. Les tarifs, autrefois modestes, ont grimpé, atteignant aujourd'hui en moyenne 50 francs par miniature, avec certains créateurs facturant bien plus. Mr Beast, par exemple, paie entre 5000 et 10'000 dollars pour trois miniatures.
L’écosystème YouTube
Le métier de miniamaker évolue rapidement, surtout avec l’émergence de nouvelles technologies comme l’IA et l’A/B testing. Ce dernier, utilisé pour tester différentes miniatures et choisir la plus performante, est de plus en plus répandu. D’ailleurs, même Netflix le pratique puisque selon les utilisateurs, les affiches ne seront pas les mêmes pour un même film ou une même série.
Les miniamakers ne sont pas les seuls à voir leurs compétences transformées par YouTube. Les monteurs, par exemple, doivent aussi adapter leur travail aux codes et rythmes spécifiques de la plateforme. Si YouTube n'a pas créé de toutes pièces de nouveaux métiers, il en a profondément transformé certains, qui se sont adaptés à la plateforme.
Créé en 2005, YouTube, pionnier des plateformes de contenu, a donné naissance à une multitude de métiers et de tendances. Le miniamaking, en pleine expansion, en est un exemple frappant.
Sophie Badoux et Nicolas R.
Publié