La sexualisation précoce des enfants sur internet, un phénomène qui préoccupe parents et spécialistes
Il n'est pas rare de trouver sur des sites de vente en ligne des tenues d’adultes proposées à de très jeunes filles.
Et sur les réseaux sociaux, des fillettes maquillées comme des grandes alors qu'elles n'ont pas encore dix ans sont monnaie courante. Et elles se mettent en scène dans des vidéos facilement accessibles.
Des jeunes filles habituées à de telles vidéos
A 12 ans, Louise est souvent confrontée à ce type d’images dans les vidéos qu'elle visionne, par exemple des danses suggestives qu'elle imite ensuite avec ses copines. Et si elle en trouve certaines étranges, elle n'est plus vraiment surprise. "C’est vrai que quand on voit leur ventre, leurs fesses, cela peut être sexualisé, mais moi cela ne me choque pas", confie-t-elle vendredi dans le 19h30.
Sa maman Jenny est plus inquiète: "Ce qui me choque, c’est que cela ne la choque pas. C’est comme si c’était normal qu’une femme doive faire des danses suggestives pour avoir des likes sur internet."
On accepte des comportements qui habituellement étaient attribués à des adolescentes et qu’on voit chez des enfants
Louise précise que ces vidéos lui arrivent devant les yeux presque par hasard: “Quand je regarde des shorts ou des spotlights, je tombe de toute façon sur cela. Je peux tomber sur une vidéo drôle et juste après sur une dame qui bouge ses fesses sur une musique, donc même sans faire exprès, même si on est contrôlé et qu'on ne veut pas regarder ce genre d’images, on tombe dessus. On n’a pas le choix de ce que l'on regarde.”
Un phénomène qui a pris de l'ampleur avec internet
Depuis une quinzaine d’années, internet a accéléré la sexualisation précoce des enfants. Un phénomène que la sexologue Francine Duquet observe de près: "Il y a un décalage, un glissement où on accepte des comportements qui habituellement étaient attribués à des adolescentes et qu’on voit chez des enfants."
Cette experte de la question, par ailleurs professeur à l'Université du Québec, a été invitée par l'Office valaisan de l’égalité et de la famille, pour donner des conseils aux parents. Son message est de toujours dialoguer avec ses enfants, notamment en ce qui concerne l'accès facilité à la pornographie.
Les enfants ont peur d'en parler à leurs parents, peur de se faire gronder ou qu’on leur interdise l'accès à internet
Maintenir le dialogue
“Plusieurs enfants ont peur d’en parler à leurs parents, de dire qu’ils ont vu des images pornographiques, ils ont peur de se faire gronder ou qu’on leur interdise l'accès à internet. Donc il faut que les parents leur disent que si jamais ils voient des images, ils doivent fermer l’ordinateur et venir leur en parler. Ce ne sont pas des images pour les enfants", conseille Francine Duquet.
En parler, c’est justement l’approche qu’a choisie la maman de Louise. "Cela me conforte dans ce que je fais déjà en étant parfois stricte. Continuer à mettre des règles et un cadre mais surtout garder le dialogue, la communication, c'est très important."
Car malgré les interdits et les filtres parentaux, Louise continuera à être exposée à de tels contenus. Tout en apprenant à les consommer avec distance.
Romain Boisset/boi