Avec sa chanson "The Code", l'artiste non-binaire Nemo fait passer un message: que la Suisse reconnaisse officiellement celles et ceux qui ne s’identifient ni au genre masculin, ni au genre féminin.
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Aujourd’hui, à l’inverse d’autres pays comme l'Allemagne ou le Canada, la Suisse ne reconnaît pas un troisième sexe. Très concrètement, pour remplir un document officiel, la case homme ou femme doit être cochée.
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La Suisse "pas suffisamment prête"?
Il y a deux ans, dans un long rapport sur la question, le Conseil fédéral avait considéré que la société n'était pas suffisamment prête pour introduire une troisième catégorie ou pour supprimer la mention du sexe dans le registre de l’état civil. Sans compter que cela nécessiterait de nombreuses adaptations sur le plan des lois fédérales et cantonales [lire aussi l'encadré].
Sur le plan politique, les avis sont très divisés. Alors que la gauche y est favorable, l'UDC et une partie du centre droit sont opposées à l'idée de changer le modèle actuel basé sur le principe de la binarité.
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Un espoir en Beat Jans
En 2023, le Parlement a tout de même chargé le Conseil fédéral d'étudier une série de mesures afin de simplifier le quotidien des personnes non-binaires, sans pour autant remettre en cause juridiquement le modèle actuel.
Les personnes non-binaires placent d'ailleurs beaucoup d'espoirs en Beat Jans, en charge du dossier. Il a adapté la loi cantonale sur l'égalité pendant son mandat de président du Conseil d'Etat de Bâle-Ville. La loi a été révisée pour inclure également les personnes trans, non binaires et intersexe, une première en Suisse alémanique.
Sujet radio: Céline Fontannaz
Adaptation web: juma
La situation en Suisse
En 2022, le Conseil fédéral a refusé l'introduction d'un troisième genre. Mais depuis la victoire de Nemo, une pétition, soutenue par les Verts, demande au Conseil fédéral de "casser à son tour le code binaire", comme l'ont déjà fait l'Allemagne ou l'Autriche.
"La Suisse est aussi connue pour sa pluralité, sa multiculturalité. Il est temps que le pays adapte ses lois pour reconnaître cette minorité pas si petite que cela: on parle de dizaines, voire de centaines de milliers de personnes", a plaidé le conseiller national Nicolas Walder (Verts/GE) lundi dans le 19h30 de la RTS.
En revanche, pour le conseiller national (UDC/VS) Jean-Luc Addor, "la solution n'est pas, pour une infime minorité, de bouleverser l'ordre juridique. L'accompagnement peut se faire d'une autre manière".