Le boom du détatouage, de plus en plus de personnes regrettent leurs inscriptions corporelles
Le tatouage et le détatouage sont des pratiques encore peu encadrées, ce qui rend difficile la collecte de données précises. Néanmoins, selon le livre "Swiss Tattoo: Le graphisme dans la peau" de Clément Grandjean, publié le 11 octobre 2022, les trente à quarante ans sont les plus tatoués. L’ouvrage révèle également qu’un tiers des Français et des Allemands, ainsi que près de la moitié des Italiens, porteraient au moins un tatouage. La Suisse devrait donc se situer dans cette moyenne.
Une autre étude britannique de 2013 indique qu’une personne sur trois finit par regretter ses tatouages, avec une tendance plus marquée chez les hommes et ceux qui se sont fait tatouer jeunes. Sur le plan mondial, le marché du détatouage était estimé à 0,4 milliard de dollars l’an dernier et pourrait atteindre 3,4 milliards d’ici 2035.
Stéphane Rochet, fondateur du centre de détatouage "Bye Bad Tattoo", explique dimanche dans le 19h30 de la RTS que les demandes de devis ont considérablement augmenté en un an et demi, passant de deux à quinze par jour. Il souligne que, "ces quinze dernières années, le nombre de personnes tatouées a été multiplié par deux, il est donc évident que le nombre de personnes qui ont des regrets augmente aussi".
L’essor du détatouage cosmétique
Candice Menozzi, doctoresse et directrice de la RIVIERAclinic spécialisée dans le détatouage des sourcils, affirme que la demande est en hausse. Elle précise toutefois que "cela ne s’enlève pas en une ou deux séances, ou alors c’est extrêmement rare".
Les motivations des patientes varient entre regrets et problèmes de pilosité. "Malheureusement, mes sourcils ne repoussent plus. Avec le temps, la forme (du visage) et la couleur du maquillage permanent ont changé, donc je voulais enlever le maquillage pour le refaire", explique Tatiana Sermier.
Quand les tatouages deviennent des regrets
Océane Losada a trente tatouages, aujourd'hui, elle souhaite effacer certaines erreurs de jeunesse gravées dans sa peau. "Malheureusement pour moi, je me suis tatouée le prénom d’un ex-petit copain", explique-t-elle.
Cette démarche lui aura coûté presque 600 francs, mais cela ne l’empêche pas de prévoir un nouveau tatouage le mois prochain. "Je me dépasse. Je vais me tatouer là où c’est possible, mais je vais quand même réfléchir un peu plus que quand j’avais seize ans", ajoute-t-elle.
Sébastien, quant à lui, a décidé de se débarrasser de tous ses tatouages. Il en avait sept à divers endroits du corps. "Nous avons plusieurs versions de nous-mêmes et je pense que ces tatouages appartiennent à une version antérieure, différente de l'actuelle", explique-t-il dans l’émission On en parle de la RTS.
Coûts et durée d'un traitement
Marc Freiburghaus, détatoueur chez Pleine Lune Tattoo à Bex, explique qu’il est difficile de donner une estimation précise sur le nombre de séances nécessaires pour effacer un tatouage. Plus l’encre est profondément injectée sous la peau, plus il est difficile à enlever. Les tatouages réalistes partiront plus facilement qu’une petite écriture.
"Je donne toujours une estimation entre cinq et dix traitements à mes clients. Je précise bien que cela dépend de deux gros facteurs: la profondeur et la densité de l’encre. Cela peut donc aller au-delà de dix séances, comme cela peut être moins de cinq", souligne-t-il.
Selon Joachim Krischer, spécialiste des lasers au Centre Laserdermato à Plan-les-Ouates, les prix dépendent de la surface ou de la complexité du tatouage. La présence ou la multiplication de couleurs influencent le traitement. "Parce qu’on va utiliser plusieurs longueurs d’ondes pour un tatouage multicolore. Ensuite, cela dépend aussi de la machine que l'on utilise", précise finalement le dermatologue.
Sujet TV: Clémence Vonlanthen
Sujet radio: Catherine Rüttimann
Adaptation web: Miroslav Mares