Le jeu "Brawl Stars" cartonne chez les préados, mais inquiète les professionnels de l'addiction
"Il y aura dix personnes et le but, c'est d'être le dernier survivant": tel est le principe de "Brawl Stars", expliqué par Max, 12 ans. Être le dernier encore debout après le combat dans l'arène permet d'obtenir le maximum de récompenses. "Le but, c'est d'avoir le plus de trophées et le plus de personnages", détaille le garçon dans le 19h30. "C'est ce principe-là que j'aime bien", souligne-t-il.
Phénomène des préaux et des chambres de préados, "Brawl Stars" est un jeu vidéo intuitif, multijoueur et au contenu illimité. "C'est très addictif", reconnaît Max. "Comme la partie ne dure pas beaucoup de temps, j'en refais une après, pour obtenir plus de trophées."
Le jeune lance et relance des parties pour rester au même niveau que ses copains qui jouent en même temps que lui sur leur smartphone ou leur tablette.
Désarroi des parents
Au désespoir des parents. "On est un peu démunis", admet Céline, la mère de Max. "On encadre le temps [qu'il passe à jouer]. Mais, en même temps, on sent chez lui une espèce de désespoir et de stress, car les autres progressent quand lui n'y joue pas. Il nous dit que, quand il va reprendre, il aura tout perdu, qu'il sera le plus nul."
Dans "Brawl Stars", il suffit toutefois de payer pour rattraper son retard. Dépenser de petites sommes permet d'améliorer toujours plus vite ses personnages. Max a déboursé une centaine de francs en un an dans ces "achats intégrés".
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Modèle d'affaires "agressif"
Joël Billieux, professeur en psychologie clinique à l'Université de Lausanne et spécialiste des conduites addictives et compulsives, explique qu'il s'agit d'un "business model agressif".
Pour lui, le cadre légal est insuffisant. Le jeu ne pose pas question en tant que tel, à l'inverse des "modèles commerciaux qui sont derrière et ciblent des jeunes à qui on va essayer de faire dépenser de l'argent".
Et ce procédé fonctionne: "Brawl Stars" a engrangé 64 millions de francs rien qu'au mois d'avril. Il est donc conseillé aux parents de continuer à surveiller le temps d'écran de leur enfant et, surtout, de s'intéresser aux jeux en question.
Gilles de Diesbach/ami
Samuel Bendahan: "Il faut créer des règles du jeu"
Pour Samuel Bendahan, les développeurs cherchent à comprendre comment fonctionne le cerveau humain pour que leurs jeux incitent à dépenser de l'argent par microtransactions. "On s'attaque beaucoup aux jeunes", souligne le conseiller national socialiste sur le plateau du 19h30.
Il regrette que les autorités politiques n'agissent pas sur ces "pratiques prédatrices", alors qu'elles en ont les moyens. "Certains jeux font beaucoup de dégâts à la société et rapportent beaucoup d'argent aux entreprises. Là, il faut créer des règles du jeu justes pour tout le monde", lance-t-il.
"Si un pays met des exigences, on peut forcer un éditeur à faire évoluer le modèle du jeu", soutient le Vaudois. D'après lui, en résultera une amélioration du plaisir ressenti par les joueurs.