![Les enseignants injustes favorisent le populisme chez les ados (image d'illustration). [Keystone - Gaetan Bally]](https://img.rts.ch/articles/2024/image/tk1bs3-28541061.image?w=1280&h=720 "Les enseignants injustes favorisent le populisme chez les ados (image d'illustration). [Keystone - Gaetan Bally]")
Les enseignants injustes favorisent le populisme chez les ados
Un traitement injuste de la part d'un enseignant favorise les attitudes populistes chez les adolescents. Des chercheurs ont interrogé plus de 3000 adolescents âgés de 12 à 18 ans dans des écoles des environs du lac de Constance en Allemagne, Suisse et Autriche.
La manière dont les adolescents sont entourés par leur propre cercle d'amis semble beaucoup moins importante dans l'émergence d'idées populistes.
La qualité de la relation avec les parents ne semble pas non plus jouer un rôle majeur sur ce point, avance l'étude parue dans la revue spécialisée "Perspectives on Politics" - la première, selon elle, à se consacrer aux facteurs favorisant les attitudes populistes chez les adolescents (lire la définition en encadré).
Réceptivité aux idées populistes
L'étude a également révélé que les filles et les adolescents des écoles qualifiant pour les études universitaires ont en moyenne moins souvent manifesté des attitudes populistes. En revanche, les adolescents issus de l'immigration et ceux issus de familles aisées étaient plus touchés. De plus, ceux qui ont fait très tôt l'expérience d'être défavorisés sont encore plus enclins à penser en noir et blanc par la suite.
"Notre étude montre très clairement que l'adolescence est une phase déterminante pour la réceptivité aux idées populistes", a déclaré Julia Weiss, de l'institut allemand Leibniz pour les sciences sociales, citée dans un communiqué. "Le populisme prospère lorsque les gens ont le sentiment d'avoir peu voix au chapitre, qu'ils ressentent de l'injustice et qu'ils perçoivent un manque de volonté ou une incapacité parmi ceux qui ont le pouvoir de répondre aux plaintes individuelles et sociales".
ats/ebz
Publié Modifié
L'opposition du peuple et des élites
Selon les auteurs de l'étude, la définition la plus répandue du populisme le considère comme une idéologie ancrée dans une perception manichéenne du monde opposant des élites, considérées comme mauvaises, au peuple perçu comme une entité "pure" et bonne par nature.
Les élites sont souvent considérées comme une entité vague (un "signifiant vide") qui peut se référer à des acteurs politiques, économiques, médiatiques ou bureaucratiques. Le populisme postule aussi que les décisions politiques devraient être basées sur la volonté générale du peuple.
Au niveau individuel, une attitude populiste est définie par trois composantes: l'antiélitisme, une vision du monde manichéenne et centrée sur "le peuple". Les citoyens "populistes" adhèrent généralement aux principes démocratiques mais critiquent leur application concrète. Ces "démocrates insatisfaits" sont plus facilement vulnérables aux discours de politiciens ou politiciennes qui soutiennent des solutions illibérales, voire autoritaires.
L'impact du populisme sur la démocratie reste très débattu en sciences politiques. Certains chercheurs le considèrent comme une force politique capable de corriger certains déficit démocratiques, notamment de représentativité, tandis que d'autres estiment qu'il y a une incompatibilité fondamentale entre l'idée d'une "volonté générale" et les éléments-clé des démocraties libérales, telles que le pluralisme, la liberté d'expression et le compromis politique.