Si la plupart des gens ont échangé depuis longtemps leur ancien portable pour un smartphone, certains ne se sont jamais laissé tenter. C'est le cas de Cyrille Jakob, qui n’a pas voulu d’un appareil connecté: "Je n'ai en tout cas pas envie de croire que j’en ai l’utilité, c’est déjà ça. Avec une certaine crainte d’en devenir dépendant aussi", explique-t-il dans le 19h30.
Avec son téléphone "stupide", Cyrille n’utilise donc que les fonctions essentielles comme les SMS, les appels, l'alarme ou la calculatrice. Et il ne voit pas cela comme un inconvénient. Un avis partagé par de plus en plus de personnes.
Et le retour à des téléphones beaucoup plus basiques se confirme dans les ventes: au deuxième trimestre 2024, elles ont bondi de 66% sur les plateformes Digitec et Galaxus, un quart des acheteurs ayant moins de 35 ans. Face à cet engouement, Nokia a même relancé une nouvelle version du célèbre modèle 3210.
Une fatigue du numérique grandissante
Pour le sociologue Olivier Glassey, ce choix répond à un besoin de simplicité et de sécurité: "Souvent, les gens les achètent comme un deuxième appareil, c’est un téléphone qui est moins dommageable ou qu'il est moins risqué de perdre, car il y a moins de données personnelles. C’est aussi un appareil qu’on peut donner à des enfants", explique-t-il.
La popularité des "dumbphones" illustre aussi un besoin de réduire sa dépendance aux smartphones ou une fatigue numérique qui se généralise. Un récent sondage de la SSR indiquait d'ailleurs un recul dans l’utilisation des réseaux sociaux, signe d’une envie de limiter le numérique.
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Sans réseaux sociaux, Cyrille Jakob, lui, préfère les échanges authentiques: "Avec les réseaux sociaux, on est dans la quantité, on écrit vite à un large panel de gens. Je me distancie beaucoup de cela, en privilégiant les rapports humains, les contacts directs", témoigne-t-il.
A sa manière, il demeure toutefois connecté, mais seulement sur son ordinateur ou, à l’occasion, sur le smartphone de son épouse.
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Clémence Vonlanthen /ther