Mieux gérer les "nids vides", ces logements devenus trop grands quand les enfants ont quitté la maison
Près de la moitié des parents propriétaires interrogés estiment disposer d'un excédent de deux pièces. Il s'agit du plus grand potentiel de réduction de l'espace habitable en Suisse, selon l'étude de la Haute école des sciences appliquées de Zurich et de l’Office fédéral du logement publiée jeudi.
Un couple de retraités vaudois, parents de trois enfants, témoigne vendredi dans La Matinale. Ces seniors sont propriétaires d'un logement à Prilly et vivent désormais seuls dans leur maison de plus de huit pièces. Ils ont choisi de louer des chambres à des étudiants.
Selon l'étude, un quart de ces "empty nesters", ces parents dont les enfants ont quitté le nid familial, jugent que leur logement est trop grand. Lorsqu'ils sont propriétaires, 61% de ces parents estiment se retrouver avec un excédent de plus de deux pièces.
Changer pour un logement plus petit?
"Il faut être très idéaliste, utopiste ou altruiste pour déménager dans un logement plus petit et plus cher", souligne le couple de Prilly, pointant également le handicap que représenterait un changement vers un quartier inconnu. Selon l'étude, le facteur du prix est en effet souvent problématique. En effet, 56% des "empty nesters" pensent que les frais mensuels du logement augmenteront, même s'ils déménagent dans un logement plus petit.
Mais pour Fabrice Berney, secrétaire général de l'Association de défense des locataires (ASLOCA) Vaud, il ne faut pas culpabiliser ces "empty nesters" qui habitent de grands logements.
Trouver des solutions
"Il faudrait redynamiser la construction au niveau public, afin de favoriser plus rapidement la création de logements et donc détendre le marché ", estime Vincent Clapasson, expert immobilier chez Wüest Partner, interrogé vendredi dans La Matinale. L'expert propose une autre solution au niveau privé: "créer des bourses d'échanges d'appartements entre locataire du même immeuble, pour avoir une meilleure vision des besoins effectifs des locataires en temps réel". De son côté, l'ASLOCA promeut d'ailleurs l'échange d'appartements.
A Lausanne, la ville a justement lancé en février dernier un programme pilote d'échanges entre des séniors qui vivent dans un logement trop grand pour eux ou plus adapté pour leur permettre de vivre de manière autonome et des familles qui ont besoin de plus d'espace pour vivre.
Les familles plus intéressées que les seniors
Interrogée vendredi dans La Matinale, la municipale lausannoise Natacha Litzistorf insiste sur l'aspect volontaire de la démarche. "Il faut éviter d'opposer les générations et de stigmatiser une génération", selon l'élue écologiste. Elle précise qu'il faut un échange "gagnant-gagnant". Les deux parties doivent y trouver leur compte.
Avec ce projet pilote, Lausanne s'adresse aux locataires qui logent dans des immeubles appartenant à la ville. A ce stade, la ville constate un intérêt surtout du côté des familles, avec 53 familles sur 147 intéressées. L'intérêt est plus faible du côté des aînés: 8 personnes sur 98.
Sujet radio: Loïc Delacour et Yann Amedro
Adaptation web: Julie Liardet