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Phobie de l’avion, un stage pour vaincre sa peur

Pour vaincre sa phobie de l’avion, un stage est organisé à l’aéroport de Genève tous les mois et intègre un vol à destination de Zurich pour soigner le mal par le mal.

Le transport aérien est le plus fiable de tous, pourtant la phobie de l’avion concerne 20% de la population mondiale. Certains redoutent la hauteur, les turbulences ou d'être enfermés. Une angoisse alimentée par l’attention médiatique et cinématographique sur les catastrophes aériennes. Pour vaincre sa peur, des stages sont organisés en Suisse. 

La phobie de l’avion est la plus répandue au monde et peut drastiquement limiter les déplacements de ceux qui en souffrent. Pour aider les personnes aérophobes, des stages leur proposent diverses formations. À Genève, la formation “Voler sans s’affoler” de l’association “Voler sans peur” est unique: elle est la seule à proposer un stage qui intègre un vol aller-retour aux participants. Celle délivrée par le Centre de traitement de la peur en avion (CTPA) à l'aéroport de Lausanne offre une journée dans un simulateur.

Un stage qui allie théorie et pratique

La formation se déroule sur quatre jours. La première journée, les coachs, des anciens phobiques devenus bénévoles, enseignent une série de techniques anti-stress appelée "la boîte à outils". Elle propose des méthodes pour ne pas paniquer dans un avion.  

Retirer ses chaussures pour mieux sentir l’appareil, apprendre à danser sur les turbulences pour ne pas avoir la sensation de perte de contrôle ou apprendre des techniques de respiration, autant d’astuces pour embarquer plus léger. La deuxième journée, les participants visitent un avion sur le tarmac accompagnés d’un pilote de ligne pour mieux comprendre le fonctionnement d’un gros-porteur. Les troisième et quatrième journées sont consacrées à la mise en pratique avec un vol aller-retour Genève-Zurich. 

"La phobie de l’avion, c’est vraiment ma plus grande peur", confie Aidan, 15 ans, qui s’est inscrit avec sa mère. "J’empêche souvent ma famille de voyager. J’ai aussi développé des tics à cause de ma phobie: dans un avion, je ne peux même pas bouger ou me lever et j’en ai vraiment marre", poursuit–il.

Car si la plupart des participants disent avoir une conscience écologique, ils aimeraient prendre l’avion de temps en temps sans paniquer. Rejoindre sa famille à l’étranger, pouvoir se déplacer pour son travail ou découvrir des régions du monde inaccessibles avec un autre moyen de transport, chacun a sa raison pour en finir avec sa peur de voler. "Ma famille voyage peu à cause de moi et j’aimerais pouvoir aller à l’étranger voir mes proches", explique Claudio, 41 ans. De même pour Marie, dont la famille vit en Bolivie et qu’elle voit très rarement. "Ça m’est arrivé d'annuler un voyage le jour même, j’en peux plus !", regrette-t-elle. 

Pendant les vols, les participants sont encadrés par un coach qui leur rappelle les techniques de "la boîte à outils". "Le but, c’est de les accompagner pour leur donner les derniers conseils à mettre en pratique et de faire en sorte que le vol se déroule bien", explique Stéphane Quéry, bénévole à l’association. 

Un taux de réussite de 98%

Si ces stages existent, c’est aussi parce que l’industrie aérienne a tout intérêt à endiguer cette peur. En effet, la phobie de voler représente une perte mondiale de plusieurs centaines de millions de francs par an. D'après une étude réalisée par Xavier Tytelman, ancien aviateur militaire français, et par l'économiste Nicolas Bouzou (données: avril 2015), cette phobie entraîne l’annulation de 10 millions de déplacements professionnels chaque année, soit un manque à gagner mondial de 210 milliards de francs pour les entreprises. 

Depuis 1995, Fabienne Regard, responsable du stage "Voler sans s’affoler", accueille chaque mois une dizaine de participants. Cette ancienne phobique avait abandonné son projet de devenir diplomate à cause de sa phobie de l’avion. Elle a alors mis en place cette formation pour un prix d’environ 1500 francs par participant. Le taux de réussite annoncé est de 98%.

Avec un tel succès, les participants embarquent confiants. Malgré les turbulences, ils ont tous pu canaliser leurs angoisses et reviennent à Genève "libérés". "C’est vraiment une victoire pour nous", se réjouissent Aidan et Claudio qui prévoient déjà de faire un prochain voyage avec leur famille. 

Si tous les participants ont reconnu qu’ils ont appris à mieux gérer leur phobie, ils ressentent tout de même le besoin de confirmer leur progrès au cours des prochains voyages. D’ailleurs, après le stage, tous les participants peuvent suivre gratuitement la formation autant de fois qu’ils le souhaitent s’ils en ressentent le besoin. 

Florise Vaubien

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