Le dimanche 4 août, à une semaine de la fin des JO, la délégation française décrochait sa 44e médaille olympique, battant ainsi son record de 2008 établi lors des Jeux de Pékin. Ce chiffre a depuis été largement dépassé. La France a en effet finit 5e au classement des nations les plus décorées avec 64 médailles, dont 16 en or, 26 en argent et 22 en bronze.
Cette impressionnante collection s'explique notamment par ce qu'on appelle le "home advantage" [avantage de jouer à domicile, ndlr], une théorie utilisée dans le milieu sportif et qui se confirme presque à chaque édition des JO. Ainsi, 84% des pays ayant organisé au moins une fois l'événement ont établi leur record de médailles à domicile. En moyenne, l’hôte gagne trois fois plus de médailles que d’habitude.
1 - Familiarité des lieux et cohésion nationale
Accueillir les JO à domicile génère tout d'abord une vague de patriotisme et de fierté nationale sur le territoire du pays hôte. Les athlètes ressentent une pression et une adrénaline supplémentaire pour performer, non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour toute la nation qui les soutient. Ce sentiment d'engagement peut s'avérer être un puissant catalyseur de réussite.
C'est très différent pour un Français de se rendre au Japon que de rester chez lui, car son corps est pleinement adapté aux conditions locales qu'il connaît bien
En outre, concourir dans des installations familières, sans avoir à s'adapter à un nouveau fuseau horaire ou à des conditions climatiques différentes, réduit le stress et permet aux sportifs d'aborder leurs épreuves dans les meilleures dispositions. "Les sportifs disposent d'une meilleure compréhension de leur environnement (...) C'est très différent pour un Français de se rendre au Japon que de rester chez lui, car son corps est pleinement adapté aux conditions locales qu'il connaît bien", explique l'historien du sport Thierry Terret sur Franceinfo.
A titre d'exemple, lors des Jeux de Tokyo en 2021, le décalage horaire et l'humidité intense avaient désavantagé de nombreux athlètes étrangers, tandis que le Japon réalisait la meilleure performance de son histoire, avec 58 médailles, dont 27 titres.
2 - Des disciplines choisies qui leur sont "favorables"
Les pays qui accueillent les jeux ont également le pouvoir d'influencer le programme olympique en introduisant des sports dans lesquels ils excellent, quatre au total sur les 32 au programme. L'ajout du karaté et du skate aux Jeux de Tokyo en 2021 a par exemple été un choix stratégique pour le Japon, pays où ces sports sont très populaires. Cette flexibilité leur permet ainsi d'augmenter leurs chances de remporter des médailles.
En choisissant le surf (Johanne Defay, Vahiné Fierro), l'escalade (les frères Bassa et Mickael Mawem, Oriane Bertone), le skateboard (Aurélien Giraud) et le petit nouveau, le breaking (Dany Dann, Syssy), la France a également choisi des sports à fort potentiel de médailles. C'est d'ailleurs la stratégie qu'a adoptée Los Angeles, villes hôte des JO en 2028, avec le flag football, le cricket et le lacrosse.
Autre coup de pouce: le pays d'accueil bénéficie de qualifications automatiques, notamment dans les sports collectifs, ce qui lui permet de présenter plus d'athlètes que n'importe quel autre pays.
3 - Des investissements massifs
Le dernier facteur déterminant réside dans les investissements massifs, tant économiques que scientifiques, réalisés par le pays hôte pour soutenir ses athlètes. Par exemple, la Maison de la performance à Paris a été conçue pour maximiser les chances des sportifs français de décrocher une médaille. Des programmes d'entraînement intensifs sont mis en place, des entraîneurs internationaux sont recrutés, et les athlètes bénéficient de conditions d'entraînement optimales. "Dès l'annonce du choix de la ville d'accueil, le pays se donne les moyens supplémentaires de préparation de sa délégation", souligne Thierry Terret.
Pour les Jeux de Paris 2024, l'Agence nationale du sport a bénéficié d'un budget record de 461 millions d'euros. Emmanuel Macron avait d'ailleurs souligné les investissements considérables réalisés pour l'excellence sportive, évoquant une "augmentation de 68 % du budget dédié à la haute performance" et un "accompagnement individuel des sportifs accru de 75%".
Dès l'annonce du choix de la ville d'accueil, le pays se donne les moyens supplémentaires de préparation de sa délégation
Mais selon une étude publiée en 2023 dans la revue Nature, cet avantage de jouer à domicile serait de moins en moins net avec les années. Les déplacements vers le site des Jeux olympiques sont aujourd'hui bien plus rapides et pratiques qu'auparavant. De plus, la plupart des athlètes ne découvrent plus les lieux de compétition le jour J, en raison de l'augmentation significative du nombre de compétitions internationales dans chaque discipline. Elle observe également que l'avantage de concourir à domicile est plus marqué chez les hommes et dans les disciplines où l'arbitrage joue un rôle crucial.
Hélène Krähenbühl