"Des tours entières du quartier des affaires de la Défense, à Paris, propagent du parfum via leur système de ventilation": Stéphane Arfi, directeur de la société de marketing olfactif Emosens, est catégorique: le nombre d'entreprises désireuses de parfumer leurs bureaux augmente. Elles sont issues de divers secteurs comme le trading, l'immobilier et le luxe.
En Suisse, la pratique est autorisée tant que la fragrance est exemptée de substances dangereuses pour la santé, indique l'association Sécurité au travail en Suisse.
Bien-être et productivité
Les entreprises de marketing olfactif contactées mettent en avant le bien-être procuré par leurs parfums. "L’idée consiste à faire travailler ses employés dans le meilleur environnement. On choisit le parfum de la même manière que l'on choisit les couleurs et les matériaux qui vont être utilisés dans un bureau", explique Stéphane Arfi.
Certains arguent que la pratique stimulerait la productivité. Sylvain Delplanque, chercheur au Centre interfacultaire en sciences affectives à Genève, estime qu'il faudrait mener des recherches plus globales pour en être certain, mais il ne l'exclut pas: "Cela fait ce que l'on appelle un amorçage. Un environnement agréable favorise la motivation, certainement la productivité et la concentration. Si on est entouré d’odeurs désagréables, notre attention sera détournée de la tâche que l'on fait."
On choisit le parfum (d'un bureau) de la même manière que l'on choisit les couleurs et les matériaux qui vont être utilisés
"Dans certains cas, le parfum peut également servir à masquer les mauvaises odeurs. Dans de nombreux bâtiments, surtout les plus vieux, des odeurs désagréables peuvent émaner par exemple du restaurant en bas ou des sanitaires. Nous utilisons alors des parfums spécialement conçus pour neutraliser ces odeurs", explique Ida Kokoshari, fondatrice de DAENA, une agence genevoise de marketing olfactif.
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Vanille, jasmin ou agrumes
Vanille, jasmin ou agrumes, les parfums utilisés sont généralement choisis en fonction de l’esprit de l’entreprise, explique Stéphane Arfi: "Très souvent, les entreprises qui travaillent dans le domaine de l’environnement vont vouloir des notes végétales, naturelles, vertes. Pourquoi pas du gazon ou une note fleurie? Dans une entreprise un peu plus feutrée avec une déco avec des canapés en cuir, on va être plutôt sur des notes cuir ou boisées."
Le parfum devient alors un élément à part entière de la marque: "C’est un peu comme le logo visuel de l’entreprise. Pour pouvoir créer le logo visuel de l’entreprise, il faut prendre en compte tous ces éléments", conclut Stéphane Arfi.
L'odeur qui fera l'unanimité
Le but des entreprises de marketing olfactif consiste à trouver la fragrance qui fera l'unanimité. Cette mission s'avère complexe, car le rapport aux odeurs varie d'une personne à l'autre. Il évolue aussi tout au long de notre vie, au fil des cycles menstruels et des grossesses notamment.
Une odeur désagréable va rendre l’expérience que l'on vit vraiment pas bonne. Inversement, si l'on vit une mauvaise expérience et qu’il y a un parfum, il va prendre cette marque
Ce mécanisme est d’autant plus fort si l'on associe une odeur à une mauvaise expérience, relève Sylvain Delplanque. "Une odeur désagréable va rendre l’expérience que l'on vit vraiment pas bonne. Inversement, si l'on vit une mauvaise expérience et qu’il y a un parfum, il va prendre cette marque." Ainsi, en cas de soucis au travail, le parfum diffusé paraîtra désagréable.
Afin d'éviter toute sensation de dégoût, les entreprises de marketing olfactif conseillent de diffuser ces parfums à petite dose. Elles évitent aussi le mélange d'essence de lavande et de tarte à la citrouille dont l'effet aphrodisiaque n'est pas recommandé au bureau.
Mathilde Salamin