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"T'es une merde": le fléau du cyberharcèlement dans le tennis professionnel

Plusieurs joueuses et joueurs de tennis disent avoir été victimes de cyberharcèlement après une défaite notamment (image d'illustration). [KEYSTONE - JOHN G. MABANGLO]
Plusieurs joueuses et joueurs de tennis disent avoir été victimes de cyberharcèlement après une défaite notamment (image d'illustration). - [KEYSTONE - JOHN G. MABANGLO]
"J'espère que ta mère mourra bientôt", "T'es une merde"... Les athlètes reçoivent des messages de haine des internautes qui ne se soucient pas de ce qu'ils peuvent provoquer sur leur moral. Un fléau encouragé par les paris sportifs, dénonce la joueuse de tennis Caroline Garcia.

"Vous pouvez peut-être penser que cela ne nous fait pas de mal. Mais c'est le cas. Nous sommes des êtres humains. Et parfois, lorsque nous recevons ces messages, nous sommes déjà émotionnellement détruits après un revers difficile. Et ils peuvent être préjudiciables", alerte Caroline Garcia (30e au classement WTA) dans un message publié sur X.

La joueuse de tennis a tiré la sonnette d'alarme sur le cyberharcèlement après sa défaite au premier tour de l'US Open le 28 août, qui a suscité "des centaines" de messages insultants.

Je passe littéralement 30 minutes par jour à bloquer toutes ces personnes

Coco Gauff, joueuse de tennis américaine qui dit aussi recevoir des messages de haine

La Française n'est pas la seule à en faire les frais. Le Russe Karen Khachanov (22e au classement ATP) a lui aussi posté un message de ce type au lendemain de sa défaite face à Dan Evans dans un match de 5h35, soit le plus long de l'histoire de l'US Open. "S’il vous plaît, je vous demande d’être respectueux. Ne frappez pas un homme lorsqu’il est à terre."

Comme à "l'époque où les marques de cigarettes sponsorisaient le sport"

Caroline Garcia s'inquiète pour les jeunes générations "qui vont arriver et qui vont devoir subir cela. Des gens qui ne se sont pas encore pleinement développés en tant qu'êtres humains et qui pourraient être affectés par cette haine".

Elle explique ces cyberharcèlements par les paris sportifs et ceux qui ont misé sur des matchs dont les résultats les ont déçus. Le problème, selon elle, est que les tournois sportifs sont associés aux marques de paris sportifs. "L'époque où les marques de cigarettes sponsorisaient le sport est révolue depuis longtemps. Pourtant, nous sommes en train de promouvoir des sociétés de paris qui détruisent activement la vie de certaines personnes", lance Caroline Garcia. 

La joueuse française regrette qu'"aucun progrès n'a été fait", bien que ce type de messages ait été pointé du doigt plusieurs fois par elle et de "nombreux" autres. Le numéro un français au classement ATP, Ugo Humbert, avait déjà confié au quotidien Libération en être la cible pendant le tournoi de Roland-Garros.  "Que tu gagnes, que tu perdes, tu reçois des insultes tout le temps."

Blocage, plainte, IA...

Face à ce manque de mesures de protection, chacun tente de trouver sa solution.

La joueuse de tennis américaine Coco Gauff (3e au classement WTA) se contente de bloquer les expéditeurs malveillants. "C'est difficile parce que vous entendez beaucoup de choses désagréables et les gens parlent de votre apparence, de votre famille... Si vous êtes déjà aux prises avec des problèmes mentaux, c'est difficile. Personnellement, je me contente de bloquer. Je passe littéralement 30 minutes par jour à bloquer toutes ces personnes", a-t-elle admis en conférence de presse le 28 août.

Le Français Jules Marie (213e au classement ATP) a quant à lui décidé de porter plainte après avoir été victime d'une autre forme de cyberharcèlement: un canular annonçait son entrée dans le tableau de qualifications de l'US Open. La plainte dénonce aussi des violences psychologiques et un harcèlement moral.

Depuis mai 2023, le Grand Chelem français propose à ses compétiteurs et organisateurs d'utiliser l'application Bodyguard et son IA pour gérer la modération en temps réel de leurs réseaux sociaux une semaine avant et après le tournoi.

>> Pour aller plus loin, lire aussi : Plus d'une joueuse sur 5 cible de cyberharcèlement

Sujet radio: Grégoire Oggier

Article web: Julie Marty

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