L'interview-portrait
On ne l'attendait pas sur le ticket PDC. Heidi Z'graggen, 52 ans, est la surprise de la course au Conseil fédéral. Malgré son statut d'outsider, l'Uranaise voit son étoile monter à Berne. Elle pourrait devenir la première à représenter son canton au gouvernement fédéral.
Peu connue hors de son canton, Heidi Z'graggen, conseillère d'Etat depuis 14 ans, a surtout fait parler d'elle pour son engagement en faveur du projet touristique de luxe du milliardaire égyptien Samih Sawiris à Andermatt (UR).
La ministre uranaise défend des positions strictes sur la politique migratoire. De quoi lui attirer les voix des démocrates du centre? Au terme de son audition par l'UDC, Heidi Z'graggen a en tout cas recueilli nettement plus de voix que sa colistière Viola Amherd.
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Heidi Z'graggen se défend toutefois d'être la candidate de la droite du Parlement: "Je suis une politicienne de la concordance, une politicienne d'exécutif. Et je dois trouver des solutions stables, bonnes pour le futur." Cette concordance, elle dit d'ailleurs la vivre à la maison. Elle partage en effet sa vie avec un élu... UDC.
L'Uranaise n'oublie jamais, toutefois, de souligner son amour pour la nature. Pour plaire à la gauche? "Pas du tout, répond-elle. C'est quelque chose en moi parce que j'ai vécu toute ma vie ici à Uri. Ici, nous avons tous vu ce qui va se passer si nous ne nous soucions pas de la nature."
Et celle qu'on dit ambitieuse de revendiquer à la fois les valeurs d'ouverture et de conservatisme. Mais cette formule suffira-t-elle à surmonter son principal handicap? Jamais, ou presque, un candidat hors sérail n'a été élu au Conseil fédéral au détriment d'un candidat siégeant sous la Coupole.
Le profil politique
Heidi Z'graggen semble être davantage marquée à droite que Viola Amherd. C'est en tout cas ce que révèle le profil politique des deux candidates PDC élaboré par l'institut Smartvote.
En matière de politique étrangère et de migration, l'Uranaise s'oppose à ce que la Suisse accueille davantage de réfugiés venus des zones de crise et défend une interprétation stricte de la neutralité. Heidi Z'graggen milite par ailleurs en faveur d'une hausse générale de l'âge de la retraite et souhaite accorder davantage de moyens à l'armée. Deux positions qui pourraient plaire à la droite.
Sur les thèmes de société, son profil est plus complexe: elle prône la légalisation de la consommations du cannabis, soutient les quotas de femmes dans les conseils d'administration, mais s'oppose au droit d'adoption pour les homosexuels. A noter que les deux candidates PDC défendent souvent des positions similaires telles que le congé paternité et le soutien fédéral aux crèches, contrairement aux deux candidats PLR.
Mais Heidi Z'graggen pourrait grappiller quelques voix chez les écologistes grâce à son positionnement sur la protection de la nature. Elle prône en effet l'introduction d'une taxe sur le CO2 pour les carburants et rejette la construction d'un second tube routier au Gothard. Dans ce dernier cas, son appartenance cantonale semble être déterminante, le portail nord du tunnel étant situé sur la commune uranaise de Göschenen.
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Les liens d'intérêt
Contrairement aux autres candidats, Heidi Z'graggen ne siège pas sous la Coupole fédérale, mais dans l'exécutif de son canton. A ce titre, sa situation est différente. A Uri, les ministres (à temps partiel) peuvent exercer des mandats dans le privé.
La conseillère d'Etat siège ainsi dans un seul conseil d'administration, celui des centrales électriques de Suisse centrale (CKW). Elle précise toutefois qu'une partie importante des revenus pour ce mandat, 26'000 francs par an, reviennent au canton.
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