"L'espionnage au sein des services diplomatiques ne peut être toléré, ni pour la Russie, ni pour tout autre pays", a rappelé le Chef du Département des Affaires étrangères à son homologue russe lors d'une rencontre à l'hôtel d'Angleterre, en marge d'une conférence sur l'Afghanistan.
Ignazio Cassis s'est cependant voulu rassurant: "la situation s'est améliorée" depuis une récente rencontre entre le chef du renseignement suisse Jean-Philippe Gaudin et son homologue russe.
"Les activités de renseignement existent depuis la nuit des temps, ce n'est pas une nouveauté", a rappelé le Tessinois. Mais il faut qu'elles soient menées dans le respect de la loi suisse, ce qui n'a pas toujours été le cas.
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"Ceci ne concerne pas que la Russie, mais aussi bien d'autres pays", a-t-il finalement tempéré.
Face à cette situation, et pour ne pas rompre les liens diplomatiques, le conseiller fédéral veut favoriser le dialogue, tout en se montrant ferme. "Nous savons ce qu'il se passe, a-t-il rappelé à la Russie. Trouvez le moyen de réduire et de stopper toute activité de renseignement illégale."
Le ministre des affaires étrangères russe a de son côté assuré son "étonnement" face à des révélations qu'il a apprises dans la presse, et qu'il considère comme infondées.
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Segueï Lavrov accuse un membre du Conseil fédéral d'avoir partagé ces allégations pour provoquer un "scandale", et déplore que la Suisse n'ait pas directement adressé ses craintes à Moscou.
Appel à une désescalade entre la Russie et l'Ukraine
Autre dossier épineux au menu de ce déjeuner de travail, celui de la montée des tensions entre la Russie et l'Ukraine, après un incident dans le détroit entre la Mer Noire et la Mer d'Azov.
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Le conseiller fédéral Ignazio Cassis a appelé les deux parties à une désescalade et à "se conformer au droit international pour éviter de mettre en danger toute cette région."
Appel que le ministre russe a interprété comme une "confirmation de la responsabilité des autorités ukrainiennes. S'il y avait eu la moindre possibilité de disculper Kiev, les appels des Etats n'auraient été adressés qu'à la Russie."
Pour Sergueï Lavrov, les règles de passage du détroit sont claires et connues des Ukrainiens, qui s'y sont conformés par le passé. Cette fois-ci, les navires ukrainiens ont pénétré dans les eaux territoriales russes sans en informer les autorités.
Selon le ministre, Kiev aurait déclenché cet évènement "pour ne pas se faire oublier des Européens, qui sont fatigués de ses agissements."
Mouna Hussain
Renforcement des relations économiques
Au-delà des tensions, les deux pays se sont réjouis de leurs relations économiques et ont salué l'augmentation des échanges commerciaux entre les deux pays. La Suisse est le 11ème partenaire commercial le plus important de la Russie.
"Il y a des centaines de compagnies suisses actives en Fédération de Russie, qui emploient 50'000 personnes, a salué Ignazio Cassis. Nos investissements se chiffrent à 11 milliards de francs, ce qui est beaucoup plus important que dans le sens inverse."
Le chef du Département des Affaires étrangères a exprimé son désir d'améliorer ces échanges, et a annoncé l'inauguration d'une nouvelle ambassade suisse l'été prochain à Moscou, qui "symbolisera l'intensité de nos relations."