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Pierre-Yves Maillard a été élu à la présidence de l'USS

Pierre-Yves Maillard a été élu à la présidence de l'Union syndicale suisse (USS)
Pierre-Yves Maillard a été élu à la présidence de l'Union syndicale suisse (USS) / 19h30 / 5 min. / le 1 décembre 2018
Le conseiller d'Etat vaudois Pierre-Yves Maillard a été élu samedi à la présidence de l'Union syndicale suisse (USS). Il succède au conseiller aux Etats Paul Rechsteiner (PS/SG), qui avait annoncé sa démission après 20 ans d'activité.

Sans surprise, Pierre-Yves Maillard, qui avait le statut de favori, a été préféré à la conseillère nationale Barbara Gysi (PS/SG). Le Vaudois a obtenu 115 voix, contre 88 pour la Saint-Galloise.

Lors du processus de sélection, le socialiste de 50 ans avait mis en avant son expérience syndicale pour faire face au plus grand défi à venir de l'USS: mettre fin à l'érosion de ses membres. "Le retour dans cette effervescence (du monde syndical) est un moment très fort pour moi", a-t-il réagit après son élection.

>> La déclaration de Pierre-Yves Maillard au micro de la RTS :

La réaction de Pierre-Yves Maillard à son élection à la présidence de l'USS
La réaction de Pierre-Yves Maillard à son élection à la présidence de l'USS / L'actu en vidéo / 1 min. / le 1 décembre 2018

Pierre-Yves Maillard était notamment soutenu par Unia, la plus grande centrale syndicale, et le syndicat du personnel des transports (SEV). Quant à Barbara Gysi, elle était soutenue par les délégués du Syndicat des services publics (SSP), qui plaidaient pour une représentation féminine.

"Forte représentation féminine"

Beaucoup attendaient qu'une femme soit nommée à la présidence de l'USS, mais l'issue du vote en a décidé autrement. "L'USS aura à sa tête des femmes fortes", a néanmoins assuré Pierre-Yves Maillard dans le 19h30 de la RTS.

"Vania Alleva est présidente d'Unia. Le comité présidentiel est composé à 50% de femmes. Il y a une forte représentation féminine. Ensemble, nous pouvons faire des progrès concrets pour l'égalité matérielle entre hommes et femmes, car l'égalité formelle ne suffit pas", a ajouté l'élu du PS.

Candidat pour les élections fédérales

L'élection du ministre vaudois implique qu'il se présente aux élections fédérales 2019, l'USS souhaitant une présence au Parlement.

"J'ai dit que je serai à disposition de mon parti cantonal pour le Conseil national. Je suis donc en principe candidat pour cette élection", a confirmé le socialiste. Il a notamment expliqué au micro de la RTS qu'il voulait laisser la priorité aux femmes dans la course au Conseil des Etats. "J'estime qu'il faut faire un pas de retrait car il y a un trop gros risque d'avoir une disparition presque complète des femmes."

Mathieu Henderson

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Les adieux de Paul Rechsteiner

Lors de son discours d'adieu, le conseiller aux Etats saint-gallois a notamment mis en avant le "rôle déterminant" de l'USS pour l'amélioration des conditions de travail en Suisse.

Il a également souligné l'importance de la coopération entre les fédérations syndicales: "Les divisions ne profitent à personne, sauf peut-être à nos adversaires", a-t-il dit. Son intervention a été suivie d'une standing ovation de plusieurs minutes.

Interrogé par la RTS, le président sortant s'est dit positif pour l'avenir et la relève syndicale: "Dans les fédérations, il y a toujours un renouvellement. Il y a une nouvelle génération qui maintient la force. On l'a vécu dans le bâtiment par exemple." Il a aussi souligné le nombre croissant de femmes dans les milieux syndicaux.

"Je sors d'une période de pression énorme avec les attaques des conseillers fédéraux contre la protection des salaires". Paul Rechsteiner quitte aujourd'hui la présidence de l'@SyndicatUSS après près de 20 ans d'activités. Bilan: pic.twitter.com/ZVPtcyjFvA

— Mathieu Henderson (@Mat__Henderson) December 1, 2018

Le poids de l'USS dans la politique suisse

Le principal atout de l'USS est sa force de blocage: pas un compromis en Suisse ne se fait sans l'aval de l'USS, sous peine de référendum. Son avis est incontournable mais elle a beaucoup plus de peine à imposer ses idées. Les initiatives portées par les syndicats, comme AVS+, les 6 semaines de vacances, sont balayées par le peuple.

L'USS a beaucoup moins d'influence politique en comparaison de son pendant de droite Economiesuisse. Pour Pierre Eichengerger, enseignant d'histoire sociale et économique à l'Université de Zurich, "en Suisse, on a très fortement l'idée que ce qui est bon pour les entreprises est bon pour tout le monde".

La Suisse n'a d'ailleurs jamais connu un gouvernement à majorité de gauche, qui aurait une oreille plus accueillante aux propositions des syndicats. Les idées d'Economiesuisse se retrouvent donc beaucoup plus fréquemment que celles des syndicats dans les décisions politiques.

L'USS perd également de plus en plus de membres. Sa capacité à mettre un terme à cette diminution des effectifs pourrait relancer son influence à l'avenir.

>> L'analyse de Muriel Ballaman: