Après deux ans de débats internes sur un sujet qualifié de tabou, le PDC a précisé ses recettes pour assurer le vivre-ensemble. Le parti rappelle d'emblée que "notre Etat de droit est l'héritage de notre culture judéo-chrétienne". Qu'il s'est "toujours battu en faveur de la liberté religieuse, mais qu'elle doit être encadrée dans l'espace public". Il précise ne pas traiter que de l'islam mais "de ses courants fondamentalistes, comme c'est le cas dans d'autres religions".
La religion musulmane est toutefois au coeur de cette prise de position. Le parti se dit contre la burqa. Une majorité s'oppose également au port du voile dans les jardins d'enfants et les écoles. Pas de dérogation non plus pour les cours de piscine. Des positions qui ont pour objectif affiché de "lutter contre la discrimination des femmes migrantes au sein de familles patriarcales".
Une riposte attendue à l'interne
Les démocrates-chrétiens sont toutefois divisés sur ces questions. Pour Sophie Buchs, membre de la présidence de la section genevoise, qui publiera demain une riposte via une tribune dans la presse, ce texte montre une Suisse gouvernée par la peur. Sous couvert de discours consensuel et général, c'est en réalité à l'islam qu'on s'en prend, estime-t-elle. Sophie Buchs dénonce par conséquent une prise de position populiste et électoraliste.
Le président du PDC suisse Gehrard Pfister s'en défend: "Non pas du tout, mais l'islamisme et le terrorisme sont des thèmes qui inquiètent la population", explique-t-il à la RTS. "Chaque parti a la responsabilité de trouver des solutions. Le style et le ton de ce papier est très modéré. Il n'est pas populiste, et nous pouvons en être fiers."
Consultation des sections dès janvier
Le document de prise de position du PDC suisse sera mis en consultation auprès des sections en janvier. Le parti explique qu'il s'agit d'une base de discussion et qu'au final chaque canton décidera de la ligne qu'il souhaite suivre sur la question. Il souhaite un vaste débat sur les "valeurs fondamentales de notre société".
Pour soutenir sa vision, la formation politique ne compte pas inonder le Parlement de salves d'interventions, mais va proposer un postulat chargeant le Conseil fédéral "d'analyser les besoins en matière d'intégration."
Marie Giovanola/jzim