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En 10 ans d'accord de Dublin, la Suisse a renvoyé presque 30'000 personnes

Les accords de Dublin ont 10 ans. Aujourd'hui les voix se font de plus en plus critiques.
Les accords de Dublin ont 10 ans. Aujourd'hui, les voix se font de plus en plus critiques. / 19h30 / 3 min. / le 14 décembre 2018
Depuis l’entrée en vigueur des accords de Dublin en 2008, la Suisse a renvoyé presque 30'000 personnes et réalisé 270 millions de francs d'économies en moyenne par an, selon le Conseil fédéral.

Entre janvier 2009 et novembre 2018, la Suisse a renvoyé 29'861 personnes vers les pays partenaires, selon les chiffres du Secrétariat d'Etat aux migrations. A l'inverse, elle en a accueilli 6527.

Entré en vigueur le 1er mars 2008, les accords du Dublin ont permis à la Suisse de réaliser des économies dans le domaine de l'asile, à hauteur de 270 millions de francs en moyenne par an, selon le Conseil fédéral.

"Une industrie de précarisation"

Mais des politiciens s’interrogent. "Dublin ne fonctionne pas", estime vendredi au 19h30 de la RTS Ada Marra, conseillère nationale socialiste.

"On sait très bien que quand les migrants sont renvoyés en Allemagne, Italie, France, certains repassent la frontière pour aller là où ils veulent aller. Nous créons une machine, une industrie de précarisation de la migration qui se passe dans le désordre, alors que les gouvernements européens ont une responsabilité éthique de gérer les flux migratoires."

"Accès à une procédure rapide"

Mais la coordination européenne de l’asile a aussi ses avantages, rappelle Emmanuelle Jaquet von Sury, porte-parole du secrétariat d’Etat aux migrations.

"Le système vise à donner un accès à une procédure rapide d’asile et prévoit des obligations communes pour les Etats d’hébergement et d’accueil. Chaque Etat qui estime qu’un transfert est problématique du point de vue humanitaire peut actionner une clause de souveraineté et renoncer à transférer cette personne à l’Etat compétent pour la demande d’asile."

"Comment faire entendre nos revendications"?

Sur le terrain, les associations réclament justement plus d’application de cette clause de souveraineté pour les personnes vulnérables.

"On s’est tourné vers les Nations unies et on demande à ses rapporteurs spéciaux de faire entendre raison à nos autorités. On leur a écrit pour le leur demander, parce qu’on ne sait plus comment faire entendre nos revendications", regrette Juliette Fioretta, de l'Association Solidarité Tattes.

A l’échelle européenne, des pourparlers ont été lancés, il y a 2 ans déjà, pour une révision de ce règlement de Dublin.

Pascale Defrance

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