L'accusé a agi «comme un meurtrier en série. Sa culpabilité est
suprême», a déclaré le président de la Cour Marc Pellet. La
réclusion à vie doit être prononcée, a-t-il ajouté après avoir
écarté toutes les autres pistes pour expliquer les trois morts
survenues le 24 décembre 2005 à Vevey.
La Cour a suivi le Ministère public sauf sur un point. Alors que
le procureur général du canton de Vaud Eric Cottier avait parlé de
trois assassinats, le tribunal a retenu le meurtre de la mère, soit
sans préméditation, et l'assassinat des deux autres personnes.
"Goût forcené de l'argent"
Hormis cet élément, la Cour a repris le scénario dressé par
l'avocat général. En décembre 2005, l'accusé est «aux abois». Il
n'a plus d'argent liquide et il doit affronter pour la première
fois le refus de sa mère de lui en donner.
Face à cet obstacle, l'accusé se déchaîne, «une agression qui a
dégénéré en homicide», selon le tribunal. Ensuite, il s'acharne de
manière «odieuse» sur l'amie, devenue témoin gênant.
Puis il guette le retour de sa soeur à la villa, la supprime et
s'arrange pour faire disparaître le corps. Tous les indices mènent
à ce raisonnement même s'il y a eu «une mise en scène
machiavélique» pour chercher à impliquer la soeur.
Mensonges et traces d'ADN
Pour le tribunal, le fait que l'accusé ait changé de version sur
son comportement le jour du drame est un élément à charge, voire
décisif. Ce revirement suscite «la plus grande indignation».
L'accusé n'a fait que mentir et ne s'est rétracté qu'après avoir
été confronté à des constats dérangeants comme une trace ADN sur le
col de la chemise de nuit de sa mère, a déclaré le président. Même
l'absence de la troisième victime n'a pas troublé la justice. Le
tribunal a acquis la certitude que la soeur est décédée, a ajouté
le magistrat.
La réclusion à vie prévoit qu'un examen de la situation du détenu
puisse être demandé au bout de 15 ans. L'accusé a été condamné en
outre à des indemnités pour tort moral, aux dépens et aux frais de
justice. Les parties ont obtenu acte de leurs réserves
civiles.
ats/boi/sbo
Pas de doute sérieux, dit le procureur
A la sortie du tribunal, le procureur s'est dit satisfait du jugement, mais pas «content», eu égard aux trois morts et à une vie qui se finira en prison.
Il n'y a «pas de doutes sérieux et irrésistibles» dans cette affaire, «pas un trou d'épingle», selon Eric Cottier.
"Mon client a l'impression de vivre un cauchemar", a déclaré le défenseur du condamné, à l'issue de l'audience.
"Dans un système où le doute profite à l'accusé, ce verdict est inacceptable", a poursuivi l'avocat, annonçant qu'il allait faire appel de cette condamnation.
Le frère de l'accusé, partie civile, a lui fait part de sa vive émotion. Il fait le deuil de sa mère pour la deuxième fois, a déclaré son avocat, Me Marcel Heider.
Une affaire mystérieuse
Les corps de la propriétaire de la villa, âgée de 81 ans et d'une amie de longue date, une Bâloise de 80 ans, qui était venue passer les fêtes de Noël avec elle, avaient été découverts le 4 janvier 2006.
Les deux femmes gisaient au pied des escaliers. Déjà en état de décomposition, les corps avaient été identifiés grâce aux comparaisons ADN et dentaires.
La fille de la propriétaire est quant à elle portée disparue depuis le 24 décembre 2005. L'accusation n'a cessé de vouloir prouver qu'elle a aussi été assassinée.
Son frère, un quadragénaire, avait été arrêté un mois après la découverte des deux corps.