La cause est renvoyée au Tribunal criminel de Lausanne pour
nouvelles instructions et nouveau jugement, a indiqué la Chambre
des révisions. La Chambre a estimé dans son arrêt que le témoignage
tardif d'une employée de boulangerie était parfaitement
circonstancié et crédible.
Le requérant invoque un fait sérieux qui pourrait conduire à un
jugement plus favorable pour lui en ce qui concerne la culpabilité,
voire la qualification juridique des infractions. Pour la Chambre
des révisions, cela justifie d'ordonner la révision.
Condamné à perpétuité
Le Veveysan de 44 ans avait été condamné en juin 2008 à la
prison à perpétuité. Il avait été reconnu coupable de l'homicide de
sa mère, 81 ans, d'une amie de celle-ci, ainsi que de celui de sa
propre soeur.
Selon le Tribunal, le meurtrier financièrement aux abois avait
agressé sa mère, puis supprimé l'amie, témoin gênant, et sa soeur
dont le corps n'a pas été retrouvé. Le condamné n'a eu de cesse de
clamer son innocence. Une première demande de révision avait
échoué.
Coup de théâtre
Le coup de
théâtre a eu lieu après le procès. Interrogée pour l'émission "Zone
d'ombre" de la TSR, la boulangère Jacqueline Albanesi avait apporté
un nouvel élément à l'enquête
(voir ci-contre)
.
Elle affirmait qu'à l'heure supposée du double meurtre, elle
vendait du chocolat aux deux vieilles dames.
Contactée ce mardi par la RSR, elle maintient une fois de plus sa
version des faits: "Sans les connaître, j'ai bel et bien servi ces
personnes le 24 décembre, à 17h00. Et j'ai encore une bonne
mémoire, sûr!" a-t-elle déclaré. Elle reconnaît aussi aujourd'hui
"que ça fait drôle" d'avoir provoqué un nouveau procès.
Procès "romanesque"
Le premier procès réunissait lui tous les ingrédients d'un roman
policier: le fils adoptif accusé d'avoir tué deux octogénaires, la
disparition de la soeur de l'accusé, dont on ne sait toujours pas
si elle est morte ou vivante. Il y avait aussi les déchirements
terribles au sein de cette famille et pour finir, beaucoup d'argent
et de biens immobiliers en jeu.
Durant la semaine qu'avait duré l'audience, le fils adoptif avait
créé la surprise d'entrée en affirmant qu'il était innocent et que
ses aveux partiels (il avait admis s'être rendu sur les lieux du
drame, ndlr) avaient été extorqués sous la contrainte. Le Ministère
public et la défense s'étaient livrés à un duel, remporté au final
par le procureur. Eric Cottier avait obtenu la perpétuité. Dès
l'énoncé du verdict, la défense, elle, avait annoncé son intention
de recourir contre cette perpétuité.
RSR/Michel Eymann/ad/
ats/ther
La défense salue; rien d'inhabituel pour Eric Cottier
"Cette décision très bien motivée met à néant l'échafaudage d'hypothèses construit par le tribunal d'arrondissement, en violation grossière de la présomption d'innocence", a commenté Me Robert Assaël, avocat du condamné.
Il a encore souligné combien les révisions de procès sont rares.
Le procureur général du canton de Vaud souligne quant à lui qu'au niveau de la procédure, il s'agit là d'une situation tout à fait habituelle.
Eric Cottier ne considère en tout cas pas l'annulation du procès par la chambre de révision comme un désaveu du Ministère public.
Il a précisé ce mardi à la Radio Suisse Romande que si l'accusé et le procureur restent les mêmes, les juges, eux, doivent être différents. Raison pour laquelle c'est le tribunal criminel de Lausanne qui rejugera l'affaire.