"L'intérêt croissant, partout dans le monde, à propos de la Suisse, c'est la démocratie directe. Sur les réseaux sociaux, c'est en permanence que l'on compare la Suisse, qu'elle fait partie d'une narration, parfois sur une identité italienne, allemande, française. La démocratie directe, c'est le blockbuster de la Suisse, c'est sûr", constate Nicolas Bideau, directeur de Présence Suisse, invité mardi de La Matinale de la RTS. L'organisme vient de publier son rapport "La Suisse vue de l'étranger en 2018: L'image de la Suisse sur Twitter et dans les médias étrangers".
"Cela fait de la visibilité pour notre pays, pour la démocratie directe. Même si parfois elle peut être un frein dans les discussions avec l'Union européenne. Mais lorsque ça devient à l'agenda de la France, de l'Italie et de l'Allemagne, alors ça peut nous aider", souligne-t-il.
La France, par exemple, regarde vers le système suisse et ses instruments de démocratie directe pour remédier à la crise de la représentation politique symbolisé par les "gilets jaunes". "C'est délicat lorsqu'on a l'impression que le système suisse est l'otage de mouvements politiques en France", nuance toutefois Nicolas Bideau.
"Il ne faut plus se taire"
Et d'insister: "Moi je suis content quand il y a de la lumière sur la Suisse. Mais quand elle est faussée, il ne faut plus se taire. On s'est tu trop longtemps dans ce pays, en communication".
Il donne l'exemple d'une caricature du dessinateur Plantu parue lundi dans Le Monde, qui associait secret bancaire et démocratie directe. "Là j'ai réagi, parce que le secret bancaire, ça fait longtemps qu'il est mort en Suisse. On est dans un autre paradigme. Alors j'ai corrigé", souligne le directeur de Présence Suisse.
"L'aigle bicéphale", un baromètre
Autre affaire qui a marqué l'image de la Suisse à l'international en 2018, celle de l'"aigle bicéphale" pendant la Coupe du Monde de football en Russie. Nicolas Bideau estime que "la taille de la réaction sur Twitter par rapport à cette question, qui est liée aux migrations et au destin européen, est super intéressante. Elle nous dit que si un jour on a une votation en Suisse sur la burqa, si à nouveau une naturalisation se passe mal et qu'elle est médiatisée, alors il y aura une grosse visibilité sur la Suisse. C'est un baromètre pour savoir comment réagir."
"Dans ce cas, les débats, sur la place des secundos, des Serbes, des Kosovars en Suisse, étaient relativement sains. Mais parfois, ça peut déraper. Parfois, un pays étranger peut mal interpréter nos politiques de naturalisation, et là, je demanderais à nos ambassades d'agir sur les médias sociaux pour rétablir la réalité des faits", ajoute Nicolas Bideau, qui insiste sur l'importance du "monitoring digital".
Propos recueillis par Romain Clivaz/jvia
Trump à Davos, Federer, No Billag... des sujets traités à l'étranger
"Donald Trump à Davos, Roger Federer à l'Open d'Australie et l'aigle bicéphale lors de la Coupe du Monde en Russie ont été les moteurs de l’image de la Suisse en 2018", résume mardi l'étude de Présence suisse sur l'image helvétique à l'étranger.
Par ailleurs, certaines votations populaires ont suscité un certain intérêt à l'étranger. No Billag et Monnaie pleine ont été "abondamment" traités dans les médias étrangers, alors que l'initiative pour les vaches à cornes a aussi rencontré "un certain écho".
Sur le plan international, les négociations entre Berne et Bruxelles portant sur un accord-cadre ont été "régulièrement évoquées" par les médias internationaux.
Plusieurs sujets cantonaux et régionaux ont aussi suscité l'intérêt: le refus de la municipalité de Lausanne d'accorder la naturalisation à un couple musulman et l'interdiction de dissimuler son visage dans le canton de St-Gall.