L'an dernier, 278'345 personnes ont perçu une aide sociale économique, soit 5000 de plus qu'une année auparavant. Les cantons avec une forte densité urbaine connaissent comme toujours un taux au-dessus de la moyenne suisse: Neuchâtel (7,5%), Bâle-Ville (6,3%), Genève (5,9%), Vaud (4,7%), Berne (4,2%) et Soleure (3,7%).
Le Jura (3,2%), Fribourg (2,3%) et le Valais (1,7%) sont sous la barre, indique mardi l'Office fédéral de la statistique. Si au niveau suisse et dans les cantons la tendance est assez stable, de fortes variations apparaissent selon le profil des bénéficiaires.
La hausse du taux d'aide sociale entre 2011 et 2017 a ainsi été particulièrement marquée chez les personnes âgées de 50 à 64 ans. Elle a passé de 2,5% en 2011 à 3,2% en 2017, ce qui représente une augmentation de 28%. Celle-ci a été nettement plus modeste dans le groupe des 18 à 35 ans (+8%) et dans celui des 36 à 49 ans (+12%).
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Tous les voyants au rouge
En chiffres absolus, le nombre de bénéficiaires de 50 à 64 ans est passé de 38'484 à 54'615 entre 2011 et 2017, soit un accroissement de quelque 40%. Dans le même temps, la population résidante de la même classe d'âge n'a augmenté que de 14%. Cette progression est surtout due aux bénéficiaires percevant une aide sociale depuis longtemps.
La durée moyenne de perception de prestations chez les plus de 50 ans est passée d'environ 41 mois en 2011 à 54 mois en 2017, soit un allongement de 32%. La hausse est nettement moins marquée dans les tranches d'âge inférieures.
Les 50 à 64 ans peuvent souvent attester d'une meilleure formation: 57% des bénéficiaires de l'aide sociale de cette catégorie ont achevé une formation professionnelle ou sont titulaires d'un diplôme d'une haute école. La part correspondante atteint 42% chez les 18 à 35 ans. Et pourtant, cet avantage n'est pas décisif pour échapper au risque de pauvreté, note l'OFS.
Mineurs, divorcés, étrangers
De manière générale, les mineurs, les divorcés et les personnes de nationalité étrangère sont les plus exposés au risque de pauvreté. Le taux d'aide sociale des mineurs est passé de 4,9% en 2011 à 5,3% en 2017.
ats/sjaq
Critiques de Caritas
Pour Caritas, il est regrettable que la Suisse ne parvienne pas à réduire la pauvreté au sein de sa population alors que l'économie se porte bien. Les résultats des statistiques officielles sont préoccupants. La Suisse a pourtant signé l'Agenda 2030 par lequel elle s'engage à réduire de moitié la pauvreté dans le pays.
Mais la Confédération a décidé cette année de ne pas poursuivre le programme national, préférant déléguer cette responsabilité aux cantons et aux communes, déplore l'oeuvre d'entraide.
Pour Caritas, la précarité des conditions de travail augmente avec la numérisation. Cette évolution doit être accompagnée. Elle demande une adaptation des lois en matière de protection des travailleurs et de sécurité sociale. Aujourd'hui, Caritas dénombre en Suisse 1,2 million de personnes en situation de pauvreté ou menacées de l'être.
Asile et réfugiés
L'aide sociale dans les domaines de l'asile a suivi les fluctuations des arrivées. En raison du recul marqué des demandes de requérants l'an dernier, le nombre de bénéficiaires a reculé de 5000 personnes à 50'714. Le taux d'aide sociale reste toujours très élevé à 90,4%.
Dans le domaine des réfugiés en revanche, le nombre de bénéficiaires de prestations a continué de croître: ils étaient 27'945 en 2017, soit 2401 de plus qu'en 2016. Le taux d'aide sociale dans ce groupe de population se situe à 86,3% (2016: 85,8%).