Entretiens avec les partis à l'aube d'une année électorale
Le 20 octobre prochain, les Suisses renouvelleront le Conseil national et le Conseil des Etats. Comment se positionnent les partis à l'aube de cette année importante?
La RTS a interviewé les présidents ou vice-présidents des sept principaux partis du pays: Martin Landolt (PBD), Philippe Nantermod (PLR), Gerhard Pfister (PDC), Albert Rösti (UDC), Christian Levrat (PS), Regula Rytz (Les Verts) et Jürg Grossen (Vert'libéraux).
Jürg Grossen
"Les Vert'libéraux peuvent gagner 3 à 5 sièges aux élections fédérales"
Le 20 octobre prochain, le Parti vert'libéral (PVL) pourrait récupérer les cinq sièges perdus en 2015. C'est en tout cas ce qu'espère son président Jürg Grossen. "Nous pouvons en gagner dans plusieurs cantons: Zurich, Berne, Lucerne, Thurgovie, Saint-Gall, ainsi que dans le canton de Vaud", rapporte-t-il dans l'émission Forum mardi. "Au final, ce seront peut-être trois ou cinq, c'est difficile à dire (...) Mais je crois que les sujets de préoccupation des Suisses nous sont favorables."
Le conseiller national bernois reste toutefois prudent quant aux chances du PVL, notamment au Conseil des Etats: "Ce sera compliqué (...) Le système électoral est très injuste en Suisse et, c'est difficile pour un petit parti de gagner des sièges en raison des alliances."
"Nos solutions sont parfois difficiles à comprendre"
Le parti peut-il mieux faire pour clarifier sa ligne politique? "C'est vrai que nos solutions sont parfois difficiles à comprendre", concède le Bernois. "Ce ne sont pas des recettes toutes simples comme dans les autres partis, mais elles sont plus efficaces."
"Les Verts suisses sont dans une très bonne dynamique"
"Les Verts sont dans une très bonne dynamique. Nous avons gagné des élections, des votations... et aussi des membres dans les cantons, dont beaucoup de jeunes membres et de femmes", estime Regula Rytz, lundi dans l'émission Forum. Et d'ajouter: "2019, cela sera des élections pour les femmes, mais surtout des élections pour le climat. Et cela touche beaucoup les jeunes, car ils n'ont aucune confiance en les politiques actuels, avec cette majorité de droite".
4 à 5 sièges en plus, "un but réaliste"
Elle confirme que les Verts visent 4 à 5 sièges supplémentaires lors des élections fédérales d'octobre 2019 et que "c'est un but réaliste". "On a eu beaucoup de succès dans les cantons et les communes et les sondages sont très optimistes. Si les élections avaient lieu demain, les Verts seraient le parti qui gagnerait le plus", ajoute-t-elle.
Comment y parvenir? "On va se concentrer sur nos points forts: l'écologie, mais aussi la lutte pour la justice sociale", répond Regula Rytz. Elle cite notamment les votations sur le mitage du territoire, en février prochain, ou le référendum contre la réforme fiscale.
"Le Parti socialiste suisse est une exception en Europe"
"Le PS se porte bien, ce qui est d'ailleurs une exception en Europe. Nous avons gagné la plupart des élections cantonales et nous sommes le parti en Suisse alémanique qui progresse le plus fortement. Nous avons aussi gagné des élections communales qui sont très importantes à Zurich et à Berne", assure vendredi Christian Levrat dans l'émission Forum de la RTS.
Le conseiller aux Etats estime par ailleurs que son parti a réussi à "limiter la casse" sur le plan fédéral. "Nous ne sommes numériquement pas en mesure au Parlement de faire progresser les points qui seraient importants pour nous. L'échec du climat est symptomatique", relève le Fribourgeois.
Le climat et la santé
L'élu fribourgeois a un objectif clair pour ces élections fédérales. "L'essentiel pour moi, c'est que la majorité change de camp et que les 101 voix dont bénéficient les radicaux et l'UDC disparaissent pour que nous ayons une majorité progressiste au Conseil national. Il faut ensuite la maintenir au Conseil des Etats et puis, dans la foulée, obtenir une composition plus équilibrée du Conseil fédéral", se projette-t-il.
"L'UDC a obtenu des choses importantes pour la Suisse"
Malgré l'échec cuisant de l'initiative sur l'autodétermination, le président de l'UDC Albert Rösti estime que son parti a obtenu de nombreuses concessions grâce à sa campagne: "Nous avons pu obtenir des choses très importantes pour la Suisse, notamment le fait que le Conseil fédéral n'a pas encore signé le pacte mondial sur les migrations de l'ONU", a déclaré Albert Rösti.
"Assez proche" des "gilets jaunes"
Questionné sur le mouvement des "gilets jaunes" en France, l'élu bernois estime que l'UDC est "assez proche" de ces idées. "Nous cherchons des mesures pour réduire les charges des PME, des familles et des employés qui portent vraiment cet Etat. Les 'gilets jaunes' ont un revenu trop haut pour être soutenus par l'Etat, mais un revenu trop bas pour pouvoir porter toutes ces taxes. Il faut veiller à ce qu'il ne se passe pas la même chose en Suisse", a-t-il prévenu.
Enfin, Albert Rösti affiche des ambitions modestes concernant les élections fédérales d'octobre 2019: "Nous visons le même résultat qu'en 2015, avec 29,4%. Tous les présidents de partis aimeraient avoir une certaine croissance, mais moi je serais assez content de garder notre score."
"Le PDC est le parti qui souffre le plus de la polarisation"
"Le PDC est le parti qui souffre le plus de la polarisation politique. C'est un phénomène européen global et présent dans toutes les démocraties. Mais la polarisation est aussi une chance. C'est notre position, il faut convaincre la population que, sans le PDC, la Suisse ne serait plus comme elle était", a déclaré Gerhard Pfister.
"Le trait d'union pour la Suisse"
Le Parti démocrate-chrétien a subi depuis 2015 plusieurs pertes de mandats dans les cantons. "Cela fait mal, mais nous avons toujours plus de 400 sièges dans les parlements cantonaux. Quelques pertes pouvaient être évitées. Nous avons un certain manque de professionnalisme dans certains partis cantonaux", a expliqué Gerhard Pfister.
Concernant les prochaines élections fédérales d'octobre, le patron du PDC se montre confiant: "Je suis convaincu que nous réussirons à augmenter notre pourcentage national et que nous resterons le groupe le plus fort au Conseil des Etats. Notre thème principal est la cohésion du pays. C'est le devoir historique du PDC, nous sommes le trait d'union pour la Suisse."
"Comme l'a dit très souvent notre présidente de parti Petra Gössi, le but du PLR est de devenir le deuxième parti de Suisse", a indiqué Philippe Nantermod, qui estime que son parti "se porte plutôt bien".
"Nous avons connu un certain nombre de succès électoraux. Nous avons quasiment gagné toutes les votations populaires, nous sommes le parti le plus en phase avec la population lors des scrutins fédéraux. Dans les élections cantonales, nous avons gagné systématiquement des sièges dans les cantons", s'est réjoui le conseiller national.
"Pas directement touché par les affaires"
Questionné sur les affaires qui ont secoué le PLR ces derniers mois, notamment le cas des conseillers d'Etat genevois et vaudois Pierre Maudet et Pascal Broulis, l'élu valaisan estime que son parti n'a pas été "directement touché". "Il est important de se pencher sur des affaires et de mener des enquêtes, mais il est important aussi de constater quand il n'y a pas d'affaire, c'est par exemple le cas pour Pascal Broulis. Pour l'affaire Maudet, c'est assez délicat."
"Après avoir vécu 10 ans de folies, le PBD reste confiant"
"Après ces 10 ans pleins de folie, avec de grands succès et de grandes pertes, nous restons confiants", a déclaré le président du PBD Martin Landolt. "Les choses commencent à se calmer et nous pouvons nous préparer pour un futur un peu plus calme, nous allons essayer de devenir un parti normal", a encore relevé le conseiller national glaronnais.
Gagner 4 ans
Dans la perspective des prochaines élections fédérales, Martin Landolt espère "défendre les sièges PBD". "Il faut rester réaliste, je ne pense pas que le parti va remporter beaucoup de sièges. Mais nous pouvons gagner 4 ans de plus pour continuer notre travail", a-t-il déclaré.
Le président du PBD veut en effet que son parti explique davantage au peuple suisse pourquoi il est nécessaire de rendre le centre plus fort. "C'est un grand défi de persuader les citoyens que nous sommes une des solutions pour faire changer les choses".