Le marché du travail en Suisse accueille chaque année un peu plus de 300'000 travailleurs détachés ou ouvriers européens engagés pour une courte durée. Un chiffre qui semble considérable, mais que le laboratoire d’idée Avenir Suisse relativise, par rapport à l’ensemble du marché du travail en Suisse.
"On surestime complètement ce sujet dans la discussion actuelle (sur l’accord-cadre). Les travailleurs de courte durée ne représentent que 0,7% de l’emploi en Suisse. Je crois que la meilleure protection possible du marché du travail, c’est la croissance économique. Voilà pourquoi on doit aller vers plus de flexibilité et non vers des restrictions", estime Peter Grünenfelder, le directeur d’Avenir Suisse.
La protection des salaires
La protection des salaires via les fameuses mesures d’accompagnement constitue le principal point de discorde de l’accord-cadre avec Bruxelles, dont le contenu a été dévoilé le 7 décembre dernier par le Conseil fédéral. Pour traquer la sous-enchère salariale, des contrôles sont organisés. Et afin de pouvoir organiser ces contrôles, les employeurs européens ont huit jours pour annoncer la venue de ces travailleurs.
Or, ce délai du huit jours pourrait être réduit à quatre jours, selon l’accord-cadre tel qu’il a été négocié entre Berne et Bruxelles. Là encore, Avenir Suisse tempère. Selon son étude, les travailleurs de courte durée ne mettent en aucun cas la pression sur le niveau des salaires en Suisse.
Ligne rouge franchie
Mais du côté des syndicats, la ligne rouge est franchie. Pas question pour eux de remettre en question ces mesures d’accompagnement. "Une suppression des mesures d’accompagnent serait catastrophique", analyse Daniel Lampart, économiste en chef à l’Union syndicale suisse.
"Nous avons les salaires les plus élevés dans toute l’Europe. Si nous n’arrivons plus à assurer les mêmes salaires, on aura du dumping à tous les niveaux… Soudain, des peintres ou des menuisiers formés devraient demander de l’aide sociale, et ça, ne nous pouvons pas le tolérer."
Les syndicats craignent que l’accord cadre avec l’Europe menace non seulement le contrôles des salaires, mais aussi l’ensemble des conventions collectives de travail. Ils n’hésiteront pas à combattre le texte par référendum, au besoin.
Rouven Gueissaz