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Primes maladie 2009: craintes pour l'avenir

La hausse sur Vaud est une demi-victoire, estime P.-Y.Maillard.
La hausse sur Vaud est une demi-victoire, estime P.-Y.Maillard.
L'annonce d'une hausse moyenne de 2,6% des primes maladie pour 2009 n'a pas manqué de susciter des réactions, tant au niveau des cantons, des patients que des assureurs, qui pointent du doigt la politique de Pascal Couchepin.

Suite à l'annonce des hausses des primes pour 2009 , l'Organisation suisse des patients et
santésuisse s'attendent à des hausses massives des primes maladie
ces prochaines années (lire encadré).



Le niveau des hausses pour le canton de Vaud constitue "une
demi-victoire", a de son côté jugé vendredi Pierre-Yves Maillard,
qui était par ailleurs l'invité du 19:30. Le conseiller d'Etat a
annoncé que le projet d'initiative cantonale sur ce sujet n'était
"pas abandonné" pour autant.

Vaud tempère

L'avis du canton n'a été que partiellement suivi par la
Confédération, a regretté Pierre-Yves Maillard. Le passage de trois
à deux zones dans le canton de Vaud aurait dû engendrer une
harmonisation par le bas, ce qui n'est pas entièrement le cas. Pour
un peu plus de la moitié des Vaudois, les primes augmenteront en
moyenne de 3,5%. En revanche, pour environ 290'000 d'entre eux il y
aura une baisse de 2%.



La dissolution des réserves excédentaires des caisses, qui devrait
atteindre 64 millions de francs, n'est en outre pas suffisante.
Face à ces résultats mitigés, le conseiller d'Etat a indiqué que le
projet d'initiative cantonale sur les primes maladies était
toujours d'actualité. Le texte n'est pas encore rédigé, mais il
devrait "renforcer les compétences cantonales". Si la voie
parlementaire de la motion n'aboutit pas, Pierre-Yves Maillard
n'exclut pas d'agir par la voie populaire.

Si quelques hommes
politiques représentant les cantons romands n'avaient pas bougé
depuis trois ans, probablement qu'on n'aurait pas eu ces résultats.

Pierre-Yves Maillard

Genève se réjouit

Genève a l'impression d'avoir été entendue par l'OFSP pour la
fixation des primes maladie 2009. La baisse annoncée est un premier
pas. Le canton plaidera pour d'autres diminutions ces prochaines
années, car les Genevois ont trop payé. "Pour la première fois, la
collaboration avec l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a
été utile", a relevé vendredi le secrétaire adjoint du Département
de l'économie et de la santé (DES) Adrien Bron.



Genève attire depuis longtemps l'attention de la Confédération sur
les réserves des assureurs. A Genève, celles-ci sont très élevées.
Elles dépassent largement le seuil de 15% du volume des primes
auquel souhaite arriver Berne. Certaines caisses affichent des taux
de réserves de plus de 60%. Un gros assureur arrive même au chiffre
de 96%.



Sur ce point, la disparité entre les cantons est frappante. A
Genève, le niveau des réserves s'élevait à 41% du volume annuel des
primes à la fin de 2007, a fait remarquer Adrien Bron. A titre de
comparaison, le taux de couverture est de 9% en Argovie et de 7% à
St-Gall. Il est même de 2,3% dans le canton de Berne. La situation
est ainsi depuis 2003.

LAMal à revoir

Ces inégalités font que Genève continuera à se battre pour des
diminutions de primes maladie ces prochaines années. Certes, les
coûts de la santé augmentent, mais les caisses ont les reins
suffisamment solides pour y faire face. Elles n'auront qu'à entamer
leur surplus de réserves, estiment les autorités cantonales.



Genève militera en faveur d'une modification de la LAMal afin que
les cantons puissent être associés au processus de validation des
primes maladie. Les autorités du bout du Léman vont également
demander à ce qu'un taux maximum de réserves soit fixé. Dans ce
dossier, Genève a pour alliés les cantons de Vaud et Zurich.

Le Valais dénonce

Les primes d'assurance maladie augmenteront en moyenne de 3,9%
en Valais en 2009. Mais la disparité est grande entre les caisses.
Farouchement opposé à certaines hausses, le canton n'a pas été
entendu par l'OFSP. Il dénonce le manque de transparence du
système.



Les caisses CSS, Helsana et Mutuel Assurances, qui représentent
environ 45% des assurés valaisans, vont augmenter leurs primes pour
adultes de respectivement 3,9%, 4,6% et 8,2%. Leurs augmentations
pèsent lourdement sur la hausse moyenne des primes valaisannes. "Il
est incompréhensible que l'OFSP valide les augmentations de primes
des assureurs qui possèdent en Valais des réserves deux fois
supérieures au minimum légal", a relevé le conseiller d'Etat Thomas
Burgener. Soulignant que les primes de certains assureurs ont même
été revues à la hausse depuis la procédure de consultation cet
été.



Selon le conseiller d'Etat valaisan, la situation appelle des
démarches politiques. Et d'évoquer un éventuel lancement d'une
initiative cantonale ou populaire afin que les cantons puissent
notamment accéder aux comptes des assurances maladie sur leur
territoire et être associés à la procédure d'approbation des primes
au niveau fédéral. L'augmentation des primes valaisannes en 2009
représente une charge supplémentaire mensuelle de 10 francs environ
par assuré adulte. Toutefois, même si les primes du canton
subissent la hausse moyenne la plus importante de Suisse romande,
elles restent parmi les plus basses du pays.



ats/hof

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Santésuisse au front

Santésuisse et l'Organisation suisse des patients pointent du doigt la politique de Pascal Couchepin qui freine les augmentations en puisant dans les réserves.

La hausse des coûts de la santé est presque deux fois plus élevée que l'augmentation des primes maladie. Si personne ne rétablit l'équilibre, on court à la catastrophe, s'inquiète Felix Schneuwly, chef de l'information à santésuisse, l'organe faîtier des assureurs.

Une crainte partagée par Margrit Kessler, présidente de l'OSP. «Lorsque Pascal Couchepin démissionnera, il y aura de nouveau une hausse massive des primes parce que les réserves auront été épuisées», prédit-elle. Les deux responsables prônent un meilleur contrôle des coûts de la santé.

Pour Felix Schneuwly, les caisses maladie sont actuellement bien seules à se préoccuper de stabiliser ces coûts. Il déplore notamment le fait que les cantons sont des partenaires seulement pour les hôpitaux et pas pour les assureurs. Le changement de mode de financement des hôpitaux, qui devrait entrer en vigueur en 2012, posera de grands problèmes, estime santésuisse. Et il faudra l'affronter avec un minimum de réserves en raison de la politique actuelle, regrette Felix Schneuwly.

L'Organisation des patients aussi en appelle à la responsabilité des prestataires des soins et des assurés. Il y a encore des potentiels d'économies, souligne Margrit Kessler. Et de citer la centralisation des centres de chirurgie transplantatoire. Selon elle, il faudrait aussi réfléchir à la pertinence d'utiliser des médicaments très coûteux, notamment contre le cancer, qui permettent de prolonger la vie que de quelques mois.

Hausses depuis 1996

La hausse de 2,6% des primes d'assurance maladie en 2009 est une des plus faibles depuis l'introduction en 1996 de la loi sur l'assurance maladie (LAMal). En treize ans, les primes mensuelles moyennes auront augmenté au total de 84,7%, selon les chiffres de l'OFSP.

1996 173 fr. (introduction LAMal)
1997 188 fr. (+8,7%)
1998 197 fr. (+4,9%)
1999 204 fr. (+3,3%)
2000 212 fr. (+3,8%)
2001 223 fr. (+5,5%)
2002 245 fr. (+9,7%)
2003 269 fr. (+9,6%)
2004 280 fr. (+4,3%)
2005 290 fr. (+3,7%)
2006 306 fr. (+5,6%)
2007 313 fr. (+2,2%)
2008 315 fr. (+0,5%)
2009 323 fr. (+2,6%)

Note: l'OFSP précise que les chiffres concernant 1996 ont été révisés et sont à manier avec précaution.