Des réseaux sociaux au sucre, en passant par la viande, c'est la mode du sevrage à tout prix. Les motivations sont multiples: éthiques, écolo ou plus individuelles comme la santé et le bien-être. Mais au final, tous ces sevrages en disent long sur notre façon d'être accro à tout et n'importe quoi.
"Les bonnes résolutions ont toujours existé, par contre ce qu'on observe aujourd'hui, c'est une volonté de l'individu de reprendre le pouvoir sur son corps et sur sa vie", analyse dans le 19h30 Fanny Parise, anthropologue à l'Institut de théologie pratique de l'Université de Lausanne.
"Donc effectivement le 'J'arrête' aura une toute autre dimension cette année, parce que ce sera pour les individus la possibilité et l'opportunité de se sentir mieux et de se remettre un cadre normatif dans un quotidien qui parfois semble nous échapper", ajoute cette spécialiste de la déconsommation.
Une injonction diffusée par les influenceurs
Arrêter, c'est aussi répondre à une certaine injonction sociale, diffusée notamment par les influenceurs. Pour les stars de YouTube, arrêter le café, le sucre ou la viande, devient un acte militant et un nouveau modèle à suivre pour les millions d'abonnés.
Au-delà des traditionnelles bonnes résolutions, on assiste à une tendance plus profonde: la déconsommation, soit l'envie de consommer moins mais mieux. Un idéal de vie souvent difficile à atteindre.
"Ce n'est pas parce qu'on a envie de consommer mieux, de se sevrer ou de consommer moins qu'on va réellement le faire. Il y a vraiment un fossé entre l'intention et la pratique, et effectivement il y a moins de 20% des bonnes résolutions qui sont tenues", explique Fanny Parise.
Fort de ce constat, une maison d'édition a sorti une collection spécifique de "J'arrête" avec la promesse de ne plus râler, procrastiner, mal manger, s'épuiser en 21 jours. Trois semaines pour changer, la promesse est séduisante mais le plus efficace pour tenir ses bonnes résolutions, c'est peut-être tout simplement arrêter d'arrêter.
Fanny Moille