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Marina Carobbio: "Une grève des femmes en 2019 est vraiment utile"

Marina Carobbio, Présidente du Conseil National, veut défendre la place des femmes en politique. Une des priorités de son mandat
Marina Carobbio, Présidente du Conseil National, veut défendre la place des femmes en politique. Une des priorités de son mandat / 19h30 / 3 min. / le 2 janvier 2019
Un appel à une grève nationale des femmes est lancé pour le 14 juin prochain. Une action "utile", estime la présidente de Conseil national Marina Carobbio. Selon elle, il est encore difficile pour une femme de faire carrière en politique en Suisse.

"Une grève des femmes, c'est vraiment utile, parce que cela vient d'en bas. Il y a beaucoup de femmes qui s'engagent, des collectifs de tout le pays. Et on a vu que la dernière grève, en 1991, a abouti à quelque chose. Cela faisait des années que l'égalité était inscrite dans la Constitution fédérale, mais on n'avait pas encore de loi", rappelle la socialiste tessinoise Marina Carobbio, présidente cette année du Conseil national et de l'Assemblée nationale, élue le 26 novembre dernier.

>> Le reportage sur les préparatifs de la grève des femmes dans le 19h30 :

Série sur les grands enjeux de l'année 2019. Premier volet: l'offensive des femmes.
Série sur les grands enjeux de l'année 2019. Premier volet: l'offensive des femmes. / 19h30 / 2 min. / le 2 janvier 2019

En 1991, près de 500'000 personnes avaient fait grève pour réclamer l'égalité réelle entre hommes et femmes. "On n'en a pas encore les effets concrets maintenant, il y a encore des disparités salariales importantes", reconnaît toutefois Marina Carobbio dans le 19h30 de la RTS.

Le Parlement vient par exemple d'accepter une réforme de la loi sur l'égalité salariale, mais celle-ci reste peu contraignante à l'égard des entreprises. "Moi j'espérais quelque chose de plus. Mais on a au moins la révision de la loi, sur laquelle on peut travailller. On doit maintenant vraiment aboutir à une égalité salariale effective. C'est dans l'intérêt de tout le monde", estime la première citoyenne du pays.

Défendre la place des femmes en politique

Pourquoi ces avancées sont-elles si lentes? "L'une des raisons, c'est que l'on n'a pas une égalité là où l'on prend les décisions politiques". En effet, il n'y a actuellement que 32% de femmes au Conseil national et 15% au Conseil des Etats. "Il y a eu des pas importants, avec deux nouvelles conseillères fédérales, mais nous n'avons pas une égalité de représentation des hommes et des femmes dans les parlements. Il y a même des gouvernements cantonaux, comme le mien au Tessin, où il n'y a pas de femme", regrette-t-elle.

L'une des priorités du mandat de Marina Carobbio est donc de défendre la place des femmes en politique. Elle a d'ailleurs lancé une page web, intitulée Femmes politiques, dans ce but. Elle reconnaît que son parcours personnel - mère de deux enfants, médecin, vice-présidente du Parti socialiste suisse et élue au Conseil national depuis 12 ans - reste pour l'heure une exception.

A ses yeux, faire une carrière politique en Suisse est "encore plus difficile qu'il y a quelques années", notamment parce que "les femmes sont très attaquées sur les réseaux sociaux" et ont "peur de s'engager".

Responsabilité des partis

Marina Carobbio souligne encore la responsabilité des partis politiques: "Ils ne doivent pas seulement mettre les femmes sur la liste, mais aussi les soutenir". "J'espère que l'année prochaine il y aura beaucoup de femmes candidates aux élections fédérales, mais aussi de femmes qui seront élues", conclut-elle.

Propos recueillis par Malika Nedir/jvia

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