Comme à chaque début d'année, la Suisse a changé de présidence le 1er janvier. Après Alain Berset en 2018, c'est au tour d'Ueli Maurer d'occuper cette fonction durant les douze prochains mois.
Or, ce tournus annuel entre les sept conseillers fédéraux affaiblit la fonctionne présidentielle, estime le politologue Claude Longchamp. "Le ou la présidente n’a pas la possibilité de donner des directions au sein du gouvernement car cette personne doit représenter son propre département", explique-t-il vendredi sur les ondes de la RTS.
Une présidence "moins forte que dans certains cantons"
Cela devient particulièrement problématique lorsqu'il y a des divergences au sein du collège. "Actuellement, c'est le cas", observe le spécialiste. "Il faut donc une personne avec des compétences et un certain pouvoir."
La solution, dit-il, passe par la création d'un département présidentiel de deux ou quatre ans, doté de tâches spécifiques. "Plusieurs cantons comme Vaud ou Bâle-Ville, qui fonctionnent selon ce système, ont des présidences plus fortes que celle de la Confédération", souligne Claude Longchamp.
Jean-Claude Juncker a dû négocier avec cinq présidents de la Confédération. C'est incohérent
Une présidence de quatre ans permettrait notamment une meilleure gestion de dossiers complexes comme celui de l'accord-cadre que la Suisse doit conclure avec l'Union européenne.
"Cinq présidents de la Confédération ont négocié cet accord avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Cela n’est pas cohérent", insiste le politologue.
Un président élu par le peuple
La fonction présidentielle doit pouvoir s'appuyer sur une légitimité populaire, analyse encore Claude Longchamp. L'un des sept conseillers fédéraux devrait donc être élu par le peuple, comme l'avait proposé l'ancien conseiller fédéral socialiste Moritz Leuenberger.
"Cela apporterait davantage de poids et d’indépendance vis-à-vis des autres membres du collège", précise le politologue.
Muriel Ballaman et Mathieu Henderson