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Jusqu'à quand la Suisse pourra-t-elle continuer à produire du sucre?

L'avenir de la betterave sucrière en Suisse pourrait être compromis. [Keystone - Peter Klaunzer]
La production de sucre suisse en grand danger / La Matinale / 4 min. / le 4 janvier 2019
L'année 2018 a été catastrophique pour les producteurs de betteraves sucrières. Dix pour cent des betteraviers ont décidé d'arrêter cette culture l'an dernier et l'érosion va continuer en 2019, compromettant l'avenir de la production.

En 2018, la récolte de betteraves sucrières est retombée à son plus bas niveau depuis 2006, en raison entre autres de la sécheresse, mais aussi de maladies, notamment le syndrome des basses richesses en sucre. Ce nouveau mal a particulièrement touché le canton de Vaud.

>> Lire aussi : La production de sucre suisse affiche un niveau très bas en 2018

Pour Nicolas Vincent, président des betteraviers vaudois, la situation est critique. "Financièrement, ça devient tellement serré qu'on ne peut plus se permettre de faire deux mauvaises années consécutives. Et j'ai de gros soucis pour la continuité de la branche si 2018 devait se répéter en 2019."

Les producteurs ont aussi subi la chute du prix du sucre l'an dernier après l'abandon des quotas en Europe. Cette réforme a engendré une surproduction massive, provoquant une baisse générale des prix. A quoi se sont ajoutés des problèmes logistiques, comme le relève Pierre-Alain Epars, membre de la Fédération suisse des betteraviers et de l'Interprofession.

"Les sucriers ont essayé de changer de transporteurs, en laissant tomber CFF Cargo - un peu trop coûteux - et se sont tournés vers d'autres entreprises qui ont eu quelques bugs de jeunesse, ce qui a posé de gros problèmes logistiques en 2018. Les producteurs se sont un peu découragés parce qu'ils ont passé beaucoup de temps à livrer leur production, pour un prix un peu dérisoire."

Moins de production, plus d'importation?

Face à cette situation, des mesures ont été prises pour 2019. A la suite d'une interpellation parlementaire, la Confédération a accordé un soutien supplémentaire. La taxe douanière sur l'importation de sucre a été augmentée. L'industrie de son côté a baissé le prix des semences.

Mais pour certains ce n'est pas assez et la production va encore baisser cette année. Alors qu'il y a 4 ans, la Suisse comptait 21'000 hectares de betteraves, cette surface cultivée pourrait passer à quelque 17'000 hectares en 2019. Pierre-Alain Epars estime que pour garder les deux usines de fabrication de sucre d'Aarberg (BE) et de Frauenfeld (TG), on ne peut pas descendre plus bas. "Si on doit produire moins pour rentabiliser une seule usine, l'industrie helvétique aura besoin d'importer plus, ça ne serait malheureusement qu'une solution transitoire avant la fermeture définitive de toute l'industrie sucrière suisse."

Survie du sucre en Suisse sur la table

"Pour éviter l'érosion de la production betteravière en Suisse, le seul moyen c'est qu'on ait un prix plus rémunérateur qu'aujourd'hui", estime Nicolas Vincent, de l'Association des betteraviers du canton de Vaud. Le prix est aujourd'hui fixé à 39 francs la tonne.

Mais pour Pierre-Alain Epars, de l'Interprofession, une hausse est impossible, car les fabriques de sucre ne le supporteraient pas. "Mathématiquement pour la sucrerie ce n'est pas possible, il faudrait mettre dix francs supplémentaires la tonne d'un coup pour que ça soit vraiment intéressant pour le betteravier. Je me mets à la place de la sucrerie, ce n'est pas possible."

Pour freiner l'érosion de la production, les professionnels devront donc compter sur les mesures prévues pour cette année. Au niveau politique, une sous-commission a été créée à Berne pour suivre l'impact de ces mesures. Un rapport sera également réalisé sur la compétitivité des usines de fabrication de sucre. Un point de situation sera fait cet été et déterminera s'il faut en faire plus pour la survie du sucre suisse.

>> Voir aussi le sujet du 19h30 sur la crise du sucre suisse :

La récolte de betteraves sucrières a souffert de la météo en 2018
La récolte de betteraves sucrières a souffert de la météo en 2018 / 12h45 / 2 min. / le 21 décembre 2018

Tania Barril/lgr

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"C'est clair que les personnes qui ont déjà eu une année qui était pas top ces dernières années plus encore 2018 qui était catastrophique, ben cela financièrement tout d'un coup ils font le point pis ils se disent il faut qu'on arrête. Financièrement ça devient tellement serré qu'on ne peut plus se permettre de faire deux mauvaises années consécutives et ça serait la catastrophe pour la production. Et puis j'ai de gros soucis pour la continuité de la branche si 2018 devait se répéter en 2019."

"Les sucriers ont essayé de changer de prestataires de transporteurs puisque la moitié des betteraves qui sont acheminées aux usines sont véhiculées par le rail, en laissant tomber CFF Cargo qui était un peu trop coûteux et se sont tourné vers d'autres entreprises qui ont eu quelques bugs de jeunesse qui a posé de gros problèmes logistiques en 2018. Donc les producteurs se sont un peu découragés parce qu'ils ont passé beaucoup de temps à livrer leur production pour un prix un peu dérisoire."

"Si on concentre tout sur une usine, l'usine arrivera pas forcément à transformer l'équivalent de je sais pas disons 14, 15, 16 hectares c'est pas possible, si on doit produire plus que 12 hectares mettons un chiffre comme ça pour rentabiliser une seule usine après on produit évidemment beaucoup moins de sucre donc l'industrie helvétique aura besoin d'importer plus de sucre, ça serait malheureusement une solution que transitoire avant la fermeture définitive de toute l'industrie sucrière suisse."

"Pour éviter l'érosion de la production betteravières en Suisse, le seul moyen c'est qu'on ait un prix plus rémunérateur qu'aujourd'hui, avec un prix de base de la betterave qui est plus aujourd'hui il faut absolument dire ben qu'on est en Suisse qu'on a des coûts qui sont fixes et qu'à un moment donné on peut pas aller plus bas que bas."

"Mathématiquement pour la sucrerie c'est pas possible, on a déjà remis un franc pour 2019 un franc la tonne parce qu'il faudrait mettre dix francs la tonne d'un coup pour que ça soit vraiment intéressant pour le betteravier pour que vraiment ça le motive à continuer à la production, je me mets à la place de la sucrerie, c'est pas possible."