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"La restriction sur les armes est tout à fait raisonnable, vu l'enjeu"

L'invité de Romain Clivaz - Pascal Lüthi, commandant de la police neuchâteloise
L'invité de Romain Clivaz - Pascal Lüthi, commandant de la police neuchâteloise / La Matinale / 10 min. / le 8 janvier 2019
La Suisse a durci sa législation sur les armes pour s'adapter à une nouvelle directive européenne, mais cette mesure est combattue par un référendum. Une restriction "qui a sa logique" sécuritaire, estime le commandant de la police neuchâteloise Pascal Lüthi.

Les Suisses seront appelés aux urnes en mai sur le durcissement de la législation sur les armes. Les opposants à la révision, une coalition de tireurs, de collectionneurs et de propriétaires d'armes, ont récolté les 50'000 signatures nécessaires pour un référendum, selon la presse dominicale alémanique.

"A chaque fois qu'il y a une nouvelle mesure de sécurité, elle est soumise à débat", en Suisse comme en Europe, réagit le commandant de la police neuchâteloise Pascal Lüthi dans La Matinale de la RTS.

Il juge tout débat "sain", mais à ses yeux, "cette restriction sur les armes est tout à fait raisonnable, vu l'enjeu". "C'est une mesure qui a sa logique dans un milieu où on a affaire à des armes assez dangereuses," estime-t-il.

>> Lire : Les Suisses devront se prononcer sur le durcissement de la loi sur les armes

"Un compromis entre liberté et sécurité"

Il sera donc plus difficile d'acheter une arme et dans certains cas, il faudra prouver, que l'on fait du tir sportif, par exemple. Est-ce la fin de la confiance envers le "citoyen armé" en Suisse? "Comme toute mesure de sécurité, il y a toujours un compromis entre liberté et sécurité. Cette mesure, ce n'est pas la Suisse qui l'a imaginée. Elle nous vient de l'Europe, et il faut voir que celle-ci a été durement frappée par les attentats terroristes ces dernières années", répond Pascal Lüthi.

Concrètement, cette restriction "va donner un peu plus de travail aux polices, puisque les dispositions d'autorisation se sont un peu complexifiées". Cela est dû notamment au fait qu'il y a "un nouveau type d'arme qui passe dans la catégorie interdite, mais peut être soumise à des autorisations: les armes semi-automatiques". En revanche, "pas de changement pour les armes d'ordonnance, pour les chasseurs, pour les tireurs sportifs...".

La Suisse hors de Schengen? "Un cauchemar"

Pour le Conseil fédéral, ne pas adapter la loi suisse, c’est prendre le risque d’une exclusion du système de sécurité de Schengen. "Celui qui ne veut pas respecter les règles s'exclut de l'espace. Je ne vois pas pourquoi les autres membres de Schengen toléreraient la Suisse à l'intérieur si elle ne veut pas respecter les règles communes", abonde Pascal Lüthi.

Peut-on imaginer une Suisse hors de Schengen? "Bien sûr que c'est imaginable, mais je qualifierais plutôt ça de cauchemar", lâche le commandant de police.

Quant à la possibilité d'autres mécanismes de collaboration ou d'accords qui ne nécessiteraient pas de passer par Bruxelles, "c'est possible, mais c'est beaucoup plus lent, beaucoup plus difficile, ce n'est pas spontané...  et donc c'est moins efficace", conclut Pascal Lüthi.

Propos recueillis Romain Clivaz

Adaptation web: Jessica Vial

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