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Les faux magasins en ligne, une arnaque qui prend de l'ampleur en Suisse

Commerce en ligne: le nombre de fausses boutiques a explosé. Des milliers d'adresses frauduleuses supprimées.
Commerce en ligne: le nombre de fausses boutiques a explosé. Des milliers d'adresses frauduleuses supprimées. / 19h30 / 2 min. / le 8 janvier 2019
La progression exponentielle du commerce en ligne suscite l'intérêt croissant des criminels. Le nombre de faux magasins enregistrés en Suisse a explosé ces dernières années. Quelle est l'ampleur du phénomène et comment s'en prémunir? Eléments de réponse.

DE QUOI PARLE-T-ON?

Commander un article en ligne, le payer et ne jamais être livré ou recevoir un produit contrefait: ces arnaques au faux magasin sont de plus en plus fréquentes. Les criminels appâtent souvent les clients avec des prix défiant toute concurrence sur des produits de marque, en particulier des vêtements et des chaussures.

Switch, la fondation qui administre les noms de domaine internet en Suisse, a fermé pas moins de 6400 de ces faux magasins l'an dernier, selon des chiffres révélés lundi par l'émission 10 vor 10 de SRF. En 2017, Switch avait supprimé 6100 sites de vente frauduleux et seulement 700 en 2016, première année pour laquelle les chiffres sont disponibles.

"Auparavant, le phénomène n'avait pas une ampleur digne de mention", a indiqué à la RTS Roland Eugster, responsable de la communication de la fondation. Switch explique cette explosion du nombre de faux magasins par l'amélioration des programmes informatiques, qui permet aux fraudeurs de créer des shops de façon totalement automatisée.

COMMENT S'EN PRÉMUNIR?

Le commerce en ligne est florissant, et il croît de manière exponentielle. En 2017, les Suisses ont dépensé 8,6 milliards de francs sur internet, selon une étude publiée l'an dernier. Ce sont d'ailleurs parmi les plus grands adeptes du commerce électronique en Europe, selon une autre étude. Autant dire que les Helvètes sont une cible de choix pour les criminels.

Avec la professionnalisation des techniques, les sites frauduleux deviennent de plus en plus crédibles. Quelques précautions élémentaires permettront toutefois de se prémunir de l'arnaque, comme le rappellent la fondation Switch et la Prévention suisse de la criminalité, un service intercantonal spécialisé dans le domaine:

- Vérifier les noms de domaine et l'orthographe permet de jauger le sérieux du site. De nombreux faux magasins utilisent des noms de domaine sans rapport avec les produits vendus et font appel à des systèmes de traduction automatique très approximatifs.

- La présence d'un label de qualité (Association suisse de vente à distance ou Trusted Shops) est un bon signe. Attention toutefois à ce que ce label ne soit pas utilisé de manière abusive.

- Les promesses de rabais trop généreuses doivent susciter la méfiance. Si le prix vous semble anormalement bas, c'est peut-être qu'il cache quelque chose (coûts cachés comme la TVA ou les frais de douane, contrefaçon, …) ou qu'il s'agit carrément d'une arnaque.

- Les magasins sérieux disposent d'un dispositif de connexion sécurisée lors de la phase de paiement, symbolisé par un cadenas vert et un préfixe "https://" plutôt que "http://" dans la barre d'adresse.

- Si vous ne connaissez pas le vendeur, utilisez si possible le paiement par facture ou le paiement à la livraison, lorsqu'il est disponible, plutôt que le paiement anticipé.

- Une adresse de contact est-elle fournie sur le site? En Suisse, tout vendeur a l'obligation d'" indiquer de manière claire et complète son identité et son adresse de contact, y compris pour le courrier électronique", selon l'article 3, al. 1, let. S de la Loi fédérale contre la concurrence déloyale.

- En cas de doute, consultez les forums en ligne. Ces derniers regorgent de mises en garde et d'informations sur les mauvaises expériences vécues par des victimes d'arnaques.

>> Les conseils de Valérie Muster, juriste à la FRC :

Sites frauduleux: les conseils de Valérie Muster, juriste à la FRC.
Sites frauduleux: les conseils de Valérie Muster, juriste à la FRC. / 19h30 / 2 min. / le 8 janvier 2019

QUE FAIRE SI ON A ÉTÉ ABUSÉ?

Toute personne victime d'une arnaque sur un site de vente en ligne peut porter plainte pénale auprès de la police pour pratiques commerciales déloyales, comme le rappelle le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) dans sa brochure "Attention arnaques!" (pdf). Une action civile pour concurrence déloyale est aussi possible.

Les personnes lésées peuvent également adresser une réclamation au SECO, qui pourra ensuite engager une action civile ou pénale. Enfin, les organisations de consommateurs peuvent agir au nom des victimes. La Fédération romande des consommateurs dispose d'un formulaire de dénonciation en ligne.

Toutefois, même s'ils sont enregistrés en Suisse, la plupart des faux magasins sont gérés par des personnes domiciliées à l'étranger et difficilement identifiables. Les moyens d'actions sont alors très limités et reposent sur une procédure juridique extrêmement lourde, ce qui complique fortement les chances d'obtenir réparation.

Le Réseau international de contrôle et de protection des consommateurs (RICPC), un réseau informel qui regroupe plus de 60 Etats, peut néanmoins fournir une aide en cas d'arnaque venue de l'étranger, relève le SECO. Un formulaire de plainte en ligne est également disponible sur le site www.econsumer.gov (indisponible actuellement en raison du shutdown gouvernemental aux Etats-Unis, 08.01.2018).

Didier Kottelat

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La procédure de fermeture d'un site

Lorsqu'elles identifient un site douteux, les autorités – Office fédéral de la police, Secrétariat d'Etat à l'économie, Commission fédérale des maisons de jeu, Swissmedic – font souvent appel à Switch, l'entité qui administre les noms de domaine en ".ch".

La fondation, conformément à la législation, demande alors au propriétaire du site de fournir une adresse valide en Suisse sous 30 jours. Seule une demande sur 100 est satisfaite. En l'absence de réponse, Switch supprime le nom de domaine et le site n'est plus accessible.