Depuis le 1er janvier, le droit de dénonciation a été élargi, par exemple pour des médecins, des psychologues ou des avocats quand des mineurs sont victimes de mauvais traitements. Dans ce climat nouveau, l'Eglise veut tourner la page des scandales qu'elle traîne depuis des années.
"Depuis plusieurs années, je communique mes soupçons à la justice et la police. Je tiens à le faire même s'il y a prescription, pour éviter d’autres victimes", a ainsi déclaré mercredi Mrg Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, dans le 19h30.
Changement d'attitude
Ces nouvelles dispositions sont l’aboutissement d’un changement d'attitude au sein de l'Eglise, amorcé au début des années 2000 déjà, lorsque plusieurs affaires révélaient l'ampleur des abus à travers le monde.
Mais le tournant a eu lieu il y a quelques années seulement, sous l’impulsion des associations de victimes: une commission d'accompagnement et de réparation a ainsi été mise en place, selon un modèle unique en Europe: la commission est indépendante, mais elle est financée par l'Eglise, qui indemnise les victimes.
"Cela ne compense pas les souffrances. Mais cela permet aux victimes d'être reconnues, d'obtenir justice et en dernier lieu d'obtenir une indemnisation", a relevé Jacques Nuoffer, du groupe de soutien aux personnes abusées dans une relation d'autorité religieuse (SAPEC).
65 cas signalés en 2017
Cette commission a également permis d'apaiser la situation. "On évite ainsi les procès comme en France. L'Eglise en Suisse a pris l'habitude de ne plus laver son linge sale à l'interne, de déplacer un prêtre, mais de saisir la justice", a de son côté expliqué Pierre Pistoletti, rédacteur en chef de Cath.ch.
Ce changement d'attitude montre des progrès, toutefois encore insuffisants. En 2017, 65 cas d’abus au sein de l'Eglise ont été signalés. Un chiffre en hausse, qui laisse entrevoir le chemin qu'il reste à faire pour que ces violences appartiennent définitivement au passé.
Valérie Gillioz/lan