Pour l'ancien rédacteur en chef de la Gazette de Lausanne, les réseaux sociaux "auraient pu être quelque chose de merveilleux, de constructif et d'intéressant" mais "ils sont devenus une sorte de caniveau qui canalise toutes les bassesses humaines".
Pour lui, son site représente un bon exemple du phénomène: "Pendant de nombreuses années, j'ai eu des gens qui ouvraient le débat, discutaient, parce qu'on publiait leur nom et qu'ils devaient s'identifier. Ça se passait très bien et c'était très intéressant. Petit à petit, ce débat s'est fané et a été remplacé par des torrents d'insultes de la fachosphère qui n'entraient pas en matière sur les sujets que je traitais mais qui simplement me couvraient d'insultes", regrette-t-il.
Fin de l'anonymat sur internet ?
Pour celui qui a également travaillé pour L'Hebdo, ce résultat est en grande partie dû au manque d'éthique des grands acteurs de ces médias que sont Facebook, Instagram ou encore Twitter.
Pour répondre à cette problématique, le journaliste appelle à la fin de l'anonymat dans la prise de parole sur internet: "Je plaide pour qu'on mette en place des règles simples. Celles qui s'appliquent aux médias en Suisse, qu'ils soient électroniques ou imprimés. Il y a des règles très simples: on ne peut pas écrire de lettres anonymes, on ne peut pas insulter les gens impunément et l'on doit répondre devant la justice et donner un droit de réponse si nécessaire."
"On refuse le travail des journalistes"
Interrogé sur le mouvement des "gilets jaunes" et sur le rapport que celui-ci entretient avec la presse, Philippe Barraud estime qu'actuellement "on refuse le travail des journalistes" car ceux-ci "ne font pas exactement ce que voudraient les gens (...), ces mouvements sociaux ne veulent pas qu'il y ait des gens, en face d'eux, qui aient l'esprit critique".
Propos recueillis par David Berger
Adapation web: Céline Brichet/ther