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"La Suisse et l'UE, un couple qui doit discuter de ses problèmes"

Michael Matthiessen, ambassadeur de l'Union européenne en Suisse. [Keystone - Dominic Steinmann]
L'invité de La Matinale - Michael Matthiessen, ambassadeur de l'UE en Suisse / La Matinale / 10 min. / le 17 janvier 2019
Michael Matthiessen, ambassadeur de l'Union européenne à Berne, revient sur les relations bilatérales entre la Suisse et l'UE, qui connaissent un regain de tension autour de la signature d'un accord-cadre.

"En général, les relations entre la Suisse et l'Union européenne vont très bien. Comme dans chaque couple, il faut de temps à autre discuter de problèmes", sourit Michael Matthiessen, invité de La Matinale de la RTS jeudi. "Les bilatérales ont besoin d'un coup d'accélérateur. La Suisse a un accès privilégié au marché intérieur, il faut s'assurer que ce système fonctionne encore à l'avenir", précise-t-il.

Le ton change à l'évocation de ce qui doit "accélérer" les bilatérales, à savoir la signature d'un accord-cadre entre les partenaires européens et la Suisse. Après plusieurs mois d'intenses négociations, le Conseil fédéral avait en effet botté en touche au mois de décembre dernier, au moment de signer un texte présenté comme "la meilleure des solutions possibles", lançant une vaste consultation par différents acteurs du dossier.

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"Je ne cache pas qu'il y a une certaine impatience du côté de l'UE", lâche Michael Matthiessen. "Cela fait dix ans qu'on demande un accord-cadre, cinq ans qu'on négocie, avec des discussions intenses depuis le mois de mars. Le Conseil européen aurait en effet souhaité que la Suisse accepte cet accord en décembre", souligne-t-il.

"Un bon compromis, qu'il faut expliquer"

Le choix du Conseil fédéral de lancer des consultations sera néanmoins respecté, précise l'ambassadeur. "C'est un texte technique, un bon compromis, et c'est maintenant aux négociateurs suisses d'expliquer pourquoi cet accord est bon."

Côté helvétique, cependant, le président de la Confédération Ueli Maurer a évoqué peu après son entrée en fonction de "nombreuses réticences" à prendre en compte, soulignant que le projet n'a actuellement "aucune majorité en Suisse".

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Du point de vue européen, pourtant, il n'y a pas matière à renégocier. "Le texte est sur la table, nous attendons maintenant une réponse positive avant l'été", rappelle Michael Matthiessen. Alors que de son côté, Ueli Maurer a estimé qu'il risquait d'y avoir de la "vaisselle cassée" si Bruxelles décidait que le projet actuel est "à prendre ou à laisser", la fin de la période de consultation s'annonce orageuse.

"2019 est un bon moment pour le faire"

Et l'ambassadeur de souligner qu'il n'était pas dans l'intérêt de la Suisse de temporiser encore: "2019 est une année d'élections, les équipes vont changer, c'est le bon moment pour le faire."

La difficile conclusion de l'accord-cadre repose principalement sur le refus des syndicats de négocier avec le Conseil fédéral sur les mesures d'accompagnement à la libre circulation des personnes, qui vont selon eux remettre en cause la protection des salaires en Suisse. Le différend fiscal entre la Suisse et l'UE constitue un autre point de friction, l'UE menaçant de couper l'accès de la Bourse suisse au marché européen.

Propos recueillis par Chrystel Domenjoz

Adaptation web: Katharina Kubicek

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